Christoff Baron était au Liban pour accrocher ses œuvres sur les murs de l’église Saint-Élie, mais aussi pour interpeler l’autre et lui rappeler le cri d’amour et de solidarité de Jésus.
Son exposition s’intitule « J » et s’articule autour de trois thèmes majeurs de la vie du Christ. Invité par le père Antoine Assaf à exposer son travail, Christoff Baron ne compte plus ses visites au Liban. Ses œuvres seront accrochées au cours de l’année 2018 dans l’église Saint-Élie à Kantari. Auteur des retables de l’église Saint-Grégoire de Ribeauvillé, Saints-Pierre-et-Paul de Illhausern et du temple de Graufthal, mais également du tableau pour le jardin des religions de Strasbourg et pour la Gedächtniskirche (l’église du souvenir de Berlin), l’artiste s’est orienté depuis quelques années vers l’art sacré. Sur les murs épurés et dénudés de l’église Saint-Élie, l’artiste reprend les étapes importantes de la vie et surtout la philosophie de Jésus, depuis sa Nativité. Et pour ce faire, il a choisi trois thématiques : la solitude, la politique et la tendresse.
Seul et isolé
Inspiré par l’icône narrative, il place au milieu des planches de palette ou de madriers d’échafaudage – ce sont ses principaux médiums – une figure centrale qu’entoure des petites scènes du quotidien du Christ. Comme des prémisses de la bande dessinée, puisqu’on raconte l’histoire en images. Pour le thème de la solitude, l’artiste a choisi bien sûr la Cène, ce dernier repas que Jésus a partagé avec ses amis. Il reproduit ainsi les apôtres en grandes conversations houleuses, alors que Jésus sait pertinemment qu’il s’achemine le lendemain vers sa mort. « C’est comme dans notre vie à nous, on passe notre temps à se chamailler pour des carrières, des titres, de l’argent en passant à côté de la vraie vie, de la poésie. » Et de poursuivre : « Le Christ isolé interroge le spectateur : Et toi si tu étais à cette table, participerais-tu à cette vaine querelle ou profiterais-tu de ma présence ? » En périphérie de ce tableau central, il y a bien sûr le chemin de la croix.
Programme politique et douceur
La seconde pièce maîtresse de l’exposition représente Jésus en politique. Le Christ dispense du savoir, du pain et de la santé. Quel autre modèle politique pourrait l’égaler ? « Je n’aime pas beaucoup la notion de miracle et voir Jésus en magicien me met mal à l’aise, signale l’artiste. Par contre, cet homme est venu proposer aux autres de vivre ensemble dans la charité et l’égalité. » Ce n’est donc pas sans un clin d’œil au Liban que Christoff Baron fait allusion à la politique mais aussi aux gouvernements sans cœur et sans âme qui se succèdent au pays du Cèdre. « Pour être venu bien souvent au Liban et avoir connu de près les Libanais, je me suis rendu compte que bien que laïque, la France sert mieux et plus charitablement les intérêts du citoyen. Au Liban, ce dernier est un laissé-pour-compte alors que le pays se prétend plus “religieux” que la France. Dans cette reproduction de l’épisode de la vie du Christ, qu’est la multiplication du pain, les auréoles se mêlent à la rondeur du pain. Une image métaphorique et visuelle, qui a cependant traversé les âges. »
La troisième grande toile parle, enfin, de tendresse. Au milieu, c’est la femme adultère qui est accusée. On attend du Christ, connu pour être doux, un verdict. Là aussi, Jésus surprend tout le monde en dessinant dans le sable. Christoff Baron a placé en périphérie des scènes, entre autres, celle du centurion, des aveugles, du bon pasteur… toutes ces scènes qui reprennent le programme de Jésus qui, en dépit de sa douceur, a su effectuer des bouleversements majeurs dans le monde entier.