Lors d’une conférence de presse tenue hier au Palais de Verre, juste après son intervention à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONu, le président français, Emmanuel Macron, s’est opposé à un retour « forcé » des réfugiés syriens chez eux, s’alignant ainsi sur la position de Filippo Grandi, haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés.
Selon lui, « il est impossible d’avoir un retour durable des populations qui avaient été poussées à l’exode s’il n’y a pas, au préalable, une solution politique à la crise syrienne ». « C’est pour cette raison précisément que je souhaite aider le Liban, la Jordanie et la Turquie à proposer une option qui s’inscrit dans la durée, au profit de ces réfugiés. Il s’agit, pour ces derniers, de regagner la Syrie conformément aux conventions et aux droits internationaux (…). Notre diplomatie s’évertue aujourd’hui à donner un coup d’accélérateur au Groupe du processus d’Astana en veillant à travailler de concert avec M. Staffan de Mistura (…) », a-t-il affirmé.
Au journaliste qui faisait remarquer que la France donne l’impression de ne pas aider le gouvernement libanais dans le processus de retour des réfugiés syriens chez eux, M. Macron a lancé : « Si quelqu’un essaie toujours d’aider le Liban, il est bien là, devant vous, s’il vous plaît ! Précisément parce que je suis extrêmement engagé à aider le Liban, votre président et votre Premier ministre ! »
Et d’enchaîner en rappelant les actions de la France en faveur du pays du Cèdre. « Nous avons organisé les trois conférences à Bruxelles, à Rome et à Paris pour justement aider le Liban à différents niveaux dans sa crise. J’ai toujours été clair que, pour aider le Liban, nous avons besoin d’une solution durable. Le retour des réfugiés en Syrie en ce moment, alors qu’il y a Idleb, ne peut pas se faire de façon raisonnable et durable », a souligné le président Macron. « Observons ce qui se passe aux frontières. Combien de personnes ont-elles été acceptées par le régime syrien ? » s’est-il interrogé. Emmanuel Macron prend ainsi le contre-pied de la politique officielle du Liban qui juge qu’il n’y a aucun obstacle à un retour des réfugiés dans les régions sécurisées en Syrie. Son discours devant l’Assemblée générale a pourtant été salué par le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil. Sur son compte Twitter, M. Bassil a écrit : « Félicitations au président Macron pour un discours fabuleux (…). Il a repris le rôle historique de la France, celui des valeurs humaines et universelles, celles du Liban et de son message. » Un peu plus tôt, M. Bassil avait vivement critiqué le président américain, Donald Trump – toujours sur Twitter – parce qu’il avait omis, dans son discours à l’ONU, de citer le Liban en remerciant les pays qui accueillent des réfugiés syriens