Chassés du Liban, et sur le point d’être anéantis en Syrie et en Irak, les terroristes de l’État Islamique en Irak et au Levant, se replieront très bientôt vers l’Afrique du Nord, et plus particulièrement vers la Libye. Un pays autrefois prospère, en passe de devenir le centre névralgique du terrorisme mondial et un tremplin pour l’invasion djihadiste de l’Europe.
Récemment défaits et chassés de Ersal, et des localités libanaises, ainsi que des principales villes syriennes, sans oublier Mossoul en Irak, le groupe terroriste Daech perd jour après jour, bataille après bataille, de plus en plus de territoires au Moyen-Orient.
Dans ce contexte, la Libye pourrait devenir, après l’Irak et la Syrie, « une nouvelle base-arrière pour le groupe État islamique à partir de laquelle il mènerait des attaques au sein de l’Union européenne et en Afrique du Nord », selon un rapport récent de l’EUROPOL, l’Office européen de police.
La Libye pourrait, en effet, accueillir dans les prochains mois un flux très important de terroristes chassées du Liban, de Syrie et d’Irak, et déclarés persona non grata dans leurs pays d’origine, ainsi que l’arrivée de dizaines de milliers de djihadistes en quête de «Guerre Sainte» en provenance des quatre coins du globe.
Récemment interviewé par le média russe Sputnik, le Général de Brigade français Dominique Trinquand, a mis en garde contre les visées de Daech sur la Libye :
“Je rappelle que Daech, c’est l’Etat-Islamique au Levant, et le Levant c’est la Syrie et l’Irak. En revanche, […] aujourd’hui, Daech est probablement acculé sur son territoire de prédilection qui est le Moyen-Orient, Syrie et Irak, et donc elle cherche à essaimer un petit peu partout pour que ses combattants puissent essayer de renverser des pouvoirs, voire pour intervenir sur des pays occidentaux comme la France ou ailleurs.”
Aujourd’hui, l’Onu estime dans un rapport, à près de 3.500 libyens qui combattraient pour l’organisation terroriste en Irak et en Syrie, parmi lesquels 800 d’entre eux seraient rentrés au pays pour grossir les rangs de sa branche locale et y étendre son influence.
Selon le spécialiste du Maghreb et de l’islamisme et chercheur à l’IRIS Kader Abderrahim, L’EIIL contrôlerait déjà plus de 20% du territoire libyen, soit plus de 250 kilomètres de littoral !
Preuve de la menace que constitue la Libye, en mars 2015 les auteurs de l’attentat du musée du Bardo, en Tunisie, ont été formés au maniement des armes en Libye. Cette attaque est intervenue quelques semaines après les menaces de Daech d’envahir l’Europe depuis la Libye.
Le rapport de l’EUROPOL révèle d’ailleurs l’arrestation par les forces de sécurité européennes, en 2015, de 667 terroristes en provenance de Libye, ayant infiltré l’Union Européenne cachés parmi les migrants.
Cependant, au-delà de quelques arrestations mineures, l’Occident ne semble pas encore avoir pris la mesure du phénomène. On peut alors s’interroger sur la passivité des gouvernements européens face à une menace qui a déjà porté ses fruits et qui perdure.