C’est un chef militaire sur le terrain qui a dévoilé pour le journal libanais al-Akhbar les dessous de la bataille lancée depuis une dizaine de jours par les insurgés syriens au sud de la Syrie, baptisée Qadissiyat du Sud.
Sa particularité par rapport à toutes les autres livrées dans cette région frontalière avec le Golan et la Palestine occupés est sans aucn doute que la participation israélienne y a été des plus affichées.
« L’étoile israélienne est apparue bien visible sous la soutane d’al-Nosra », a décrit ce chef militaire pour Al-Akhbar, sous le couvert de l’anonymat, pour résumer la situation durant cette bataille.
Une préparation israélienne
Bien avant son déclenchement, c’est Tel Aviv qui a l’a préparé. Les Israéliens avaient demandé au front al-Nosra, la branche d’Al-Qaïda en Syrie et à la cellule MOK qui comprend les factions de l’Armée syrienne libre de stopper leur campagne contre la milice Khaled Ben Al-Walid, accusée d’avoir prêté allégeance à Daesh afin de lancer la bataille contre l’armée syrienne.
Ces milices avaient essayé auparavant cinq tentatives contre les forces gouvernementales syriennes, sous le nom Tempête du sud. Elles se sont toutes soldées par un échec. Elles ont tout de même accepté la proposition israélienne.
Et ce sont aussi les Israéliens qui lui avaient fixé les objectifs : l’établissement d’un passage sécuritaire allant de Bir-Ajam à Jabat al-Khachab, en prenant le contrôle de la localité druze de Hadar et d’une partie de la ville loyaliste al-Baath, avant de passer ultérieurement à l’autre ville Khan Arnabé.
Les blessés doivent reconnaitre “Israël”
En échange, Israël a permis à toutes les milices en action de se déplacer en toute liberté tout au long des barbelés qui séparent la partie du Golan qu’il occupe de celle libérée.
L’entité sioniste a également fourni l’aide médicale aux miliciens blesses dans ses hôpitaux. Selon al-Akhbar chacun de ceux qui recevaient des soins médicaux se devait de signer un document dans lequel il acceptait d’entrer en Israël et qu’il reconnaissait Israël !
La bataille de la demi-heure
La date de l’offensive a été fixée pour le 10 septembre dernier, sur trois fronts. Ce jour-là, la bataille a duré de 10h30 du matin jusqu’à 8 heures du soir. Elle visait comme objectif de contrôler les collines au sud de Hadar où se trouve la position du 4ème bataillon de l’armée syrienne. Elle s’est soldée par un échec.
Le lendemain, ce fut la bataille de la demi-heure, au triangle de la mort. Une nouvelle tactique militaire y a été mise au point, par les miliciens. Ils avaient lancé l’attaque à bord de 4 quatre véhicules BMB, transportant chacun une quinzaine d’entre eux. Sous la couverture de tirs nourris par des lance-roquettes.
Ayant atteint une tranchée de sable, le premier véhicule est tombé dans une embuscade d’engins explosifs alors que les second et troisième ont été détruits au moyen des missiles téléguidés. Le quatrième vehicule a pris la fuite sans même pouvoir ramasser les cadavres des miliciens.
Le lundi avait été consacré à un deuxième assaut contre le 4ème bataillon et a connu le même sort que l précédent. Ce jour-là, le nombre des miliciens tués s’est élevé à 33, sans compter les dizaines de blessés.
Des communiqués et de l’aide israélienne
Durant toutes les étapes de la bataille, l’armée israélienne ne cessait de publier des communiqués sur de soi-disant chutes d’obus en provenance de l’armée syrienne, pour dépêcher ses F-16 et ses drones et activer son artillerie contre les poistins de l’armée syrienne.
« Seulement deux obus tirés par l’armée syrienne se sont abattus sur les territoires occupés », assure ce chef militaire.
« 22 pièces d’artillerie de l’armée syrienne ont été en fin de compte détruites , dans « cette fête de folie des Israéliens qui voyaient devant leurs yeux l’échec des miliciens sur tous les fronts », a-t-il ajouté.
Signe que les milices se sont trouvées dans une situation difficile : le dernier jour, le front al-Nosra et Ahrar al-Sham ont investi dans la bataille de jeunes adolescents de 15 ans.
Il est vrai que depuis janvier 2014, et jusqu’en avril 2015, quelque 4180 miliciens ont péri, auxquels devraient s’ajouter les 450 supplémentaires qui ont succombé depuis le moi de mai dernier.
Du côté de l’armée, seulement 14 soldats ont été tués durant cette bataille. En revanche, elle a réussi durant les combats à reprendre une vieille base abandonnée non loin de la province nord de Deraa, et repoussant trois tentatives des milices de la reprendre.
De la défense passive à la totale initiative
Depuis 2013, l’armée syrienne est passée de la phase de la défense passive, à celle de la défense active et à prendre timidement l’initiative en 2015, puis à celle de la pleine capacité à prendre l’initiative en 2016.
L’une des raisons de cette performance est la particularité de la bataille su sud de la Syrie, car liée au front contre Israël.
Selon le chef militaire, « la bataille contre l’Israélien a un goût très particulier».
“Le dernier jour, des missiles Tochka ont été utilisés contre les positions des miliciens à Taranjah et Ofania à quelques kilomètres de la frontière avec le Golan occupée”, a-t-il conclu. Une allusion rusée que la bataille s’approche de plus en plus des Israéliens