Nous nous battons pour changer le lexique de la guerre et pour remplacer le mot « intégration » par le mot « exode », a affirmé hier en substance le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, qui participait, au siège des Nations unies, à New York, aux travaux de la conférence annuelle des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe. Son allocution a porté aussi bien sur la Palestine que sur le terrorisme, les réfugiés syriens et la situation en Syrie et au Liban.
En ce qui concerne le problème des réfugiés, M. Bassil a mis en garde contre les sommets et les feuilles de route centrées sur « l’intégration ». « Voulons-nous vraiment pousser nos enfants à l’émigration et, en les perdant, perdre la diversité dans nos pays ? », s’est-il interrogé. « Quelle est donc la position unifiée du monde arabe à cet égard. Nous avons créé un Fonds, mais qu’a-t-on fait de plus que de réclamer au Liban le paiement de sa quote-part ? »
« Le Liban porte le poids le plus lourd du problème des réfugiés, a enchaîné M. Bassil, il se bat pour introduire le mot exode dans le lexique du groupe de travail en faveur de la Syrie. Mais qui donc nous aide ? Peut-on imaginer qu’une solution juste et saine soit trouvée pour la Syrie sans un retour de la population qui doit participer à l’effort de la reconstruction et aux réformes politiques ? »
Au sujet du Liban, M. Bassil a fait l’éloge d’une partie qui a su rester un modèle de coexistence, tout en luttant contre le terrorisme. « Nous ne demandons ni aide ni argent, a-t-il lancé, mais nous demandons que l’on comprenne notre situation exceptionnelle et que l’on nous aide à ne pas nous laisser aspirer par la spirale des axes, mais plutôt à jouer un rôle de concorde plus vaste, en dépit de nos difficultés internes. »
Toutefois, M. Bassil s’est félicité du fait que le Liban continue à être relativement stable, ami de la paix et désireux de rester en bons termes avec tous les Arabes.
Par ailleurs, M. Bassil a plaidé pour une plus grande participation des Arabes à la bataille « culturelle, spirituelle et médiatique » contre le terrorisme. « Nous faisons face au plus grand programme d’empoisonnement des esprits », a-t-il dit, pointant le doigt sur l’islamophobie qui fait des ravages en Europe.« Ce manque de motivation et cette apathie sont indirectement responsables du plus grand mouvement d’émigration du monde arabe », a-t-il affirmé, réclamant des États de la Ligue de plus vigoureuses interventions sur les plans policier, judiciaire et administratif