Le président de la République, Michel Aoun, a violemment réagi hier au communiqué de la conférence ministérielle de la Ligue arabe qui avait déclaré, dimanche, le Hezbollah « organisation terroriste », et tenu à préciser que le parti chiite faisait partie du gouvernement libanais, dans son discours à la veille de la fête de l’Indépendance. Il s’est aussi adressé aux Libanais, les appelant à préserver l’unité nationale.
Lors de son allocution télévisée, M. Aoun a déclaré que « le Liban a respecté la politique de distanciation vis-à-vis des conflits régionaux. Malheureusement, les autres ne se sont pas distanciés du Liban malgré sa victoire contre le terrorisme ». Et de lancer : « Nous nous demandons jusqu’à ce jour : d’où est venu le terrorisme au Liban ? Qui l’a envoyé ? Qui l’a financé ? » « Nous avons adopté une politique complètement indépendante, nous avons évité d’interférer dans les conflits et nous avons toujours appelé au dialogue entre les frères arabes », a ajouté le président libanais. Il a considéré que ce que le Liban a subi n’est que la conséquence des conflits et les éclats des explosions dans la région, soulignant que « rien ne pourra aider à gérer les conséquences si nous ne fermons pas la porte aux confits ». Et de marteler : « Le Liban n’est pas un pays ouvert à tous les vents et ne cédera jamais devant n’importe quels avis, conseil ou décision le poussant vers la discorde. »
Il s’agissait là d’une réponse claire du chef de l’État à la Ligue arabe qui, à l’issue d’une réunion extraordinaire tenue dimanche au Caire et convoquée par l’Arabie saoudite, a accusé « le Hezbollah et les gardiens de la révolution iraniens de financer et d’entraîner des groupes terroristes à Bahreïn ». Dans sa déclaration finale, la Ligue arabe a également « fait assumer au Hezbollah, un partenaire dans le gouvernement libanais, la responsabilité de fournir aux groupes terroristes dans les pays arabes des armes sophistiquées et des missiles balistiques ».
Lundi, en recevant le chef de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Gheit, M. Aoun avait indiqué que « le Liban n’est pas responsable des conflits dans certains pays arabes », rejetant le fait qu’on lui en fasse payer le prix.
« Ne laissez pas la discorde pointer le bout de son nez »
S’adressant directement aux pays arabes, Michel Aoun a d’ailleurs déclaré : « Traiter avec le Liban nécessite beaucoup de sagesse et de raison. Nous espérons toujours de la Ligue arabe qu’elle prendra des initiatives qui émanent de ses principes, ses objectifs et de l’esprit de sa charte. »
« Celui qui veut faire le bien du Liban l’aide à renforcer son unité », a encore déclaré Michel Aoun. Et de lancer : « C’est dans ce contexte que sont intervenues la récente crise gouvernementale et la problématique qui l’a entourée. Il est vrai que la crise est passée mais elle n’était pas du tout passagère car elle a mis le pouvoir ainsi que le peuple devant un test choquant et un défi national qu’on ne peut passer sous silence. »
Et Michel Aoun de demander : « Était-il possible de négliger un devoir national qui nous a été imposé afin que notre Premier ministre retourne à son pays et fasse ce qui lui est dicté par les normes et la Constitution, démission ou pas, sur le territoire libanais ? » Selon le président, « il s’agit d’abord et avant tout d’une histoire de dignité nationale et d’un peuple qui a fait preuve, pendant cette crise, d’une unité nationale exemplaire ».
Et aux Libanais, Michel Aoun a déclaré : « Par votre unité, vous avez surmonté d’énormes crises et difficultés. Ne laissez pas la discorde pointer le bout de son nez car la destruction massive n’épargnerait personne. » Et d’insister : « Votre unité est la seule garante de la stabilité et de l’avenir de votre pays et de vos enfants. »
Et à l’armée et aux forces de sécurité, Michel Aoun a dit : « Vous êtes les gardiens de l’unité nationale et les protecteurs des frontières, soyez toujours vigilants et prêts à faire votre devoir. »