Le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun, a défendu hier « la constance » de ses positions et son attachement à la convivialité, adoptant le ton conciliateur d’un candidat à la présidence.
Il s’exprimait à Rabieh devant une délégation du conseil de l’ordre de la presse, emmenée par son président Aouni Kaaki. À une question sur la nouvelle vague d’optimisme qui traverse les rangs de son bloc, depuis que le député Walid Joumblatt a cautionné l’option de son élection (voir l’article de Sandra Noujeim dans L’Orient-Le Jour du jeudi 14 juillet), Michel Aoun a précisé que « des pourparlers sont en cours au sein des blocs parlementaires, et tous ressentent le besoin de combler la vacance présidentielle. Il est en outre de notre devoir de ne pas laisser les gens désespérer ».
Minimisant en outre l’influence des décideurs étrangers, « invités par les acteurs intérieurs à intervenir plus qu’ils ne le souhaitent », le général Michel Aoun est allé jusqu’à nier l’existence d’un veto saoudien contre sa candidature. Une rupture avec le discours de son camp depuis l’échec de son premier rapprochement avec le chef du courant du Futur, Saad Hariri. « Je rappelle que l’Arabie saoudite a maintes fois dit aux Libanais : entendez-vous sur un candidat, nous le soutiendrons. Nous n’opposons de veto à personne. »
Il a tenu à souligner en outre que « nul n’a de problème personnel avec moi, depuis mon combat sous le slogan de la souveraineté, la liberté et l’indépendance, avant et même jusqu’à mon retour au Liban, suivi, à mon retour, de ma bataille sous le slogan du changement et de la réforme, une réforme conforme à la Constitution ».
Insistant sur la mixité de son milieu d’origine (Haret Hreik) « mentionnée dans ma lettre au président François Mitterrand dans les années 1980 », il a rejeté les accusations d’antisunnisme dirigées contre moi (…) par des médias qui me dressent des procès d’intentions. Les guerres d’intentions sont les plus dangereuses. « Si je critique le responsable d’une communauté pour son rendement, je ne m’attaque pas à la communauté en question », a-t-il dit. Il a plaidé en outre pour « la politique de la main tendue en politique. Aussi virulents que soient les discours, ils ne devraient en aucun cas mettre le pays à feu et à sang ». Citant Michel Chiha en réponse à une question sur sa récente visite à Dar el-Fatwa et à Aïn el-Tiné, Michel Aoun a estimé que « l’abolition d’une communauté anéantirait le Liban ».
Sur la perspective d’un amendement de Taëf, Michel Aoun a d’abord rappelé avoir « adressé une lettre en juillet 2014 à la commission arabe tripartite chargée de veiller à la mise en œuvre de l’accord de Taëf (…) dans laquelle j’ai mis en garde contre les velléités d’aucuns d’abolir Taëf et réclamé une meilleure application du texte afin que son abolition ne soit pas éventuellement l’objet de revendications populaires grandissantes ». Il a en même temps souligné que l’amendement constitutionnel est incontournable, « la Constitution étant par définition un corps vivant, que tue l’immobilisme ».
Il a révélé dans ce cadre son intention d’appeler à « un référendum sur la présidentielle, au lendemain des élections prévues en juin 2017 », indépendamment de l’exigence d’un amendement constitutionnel pour l’entériner. « C’est le peuple qui est la source des pouvoirs. Et je suis certain qu’une fois les législatives achevées, nous aurons un président », a-t-il conclu.
Des sources du bloc du Changement et de la Réforme, citées par l’agence d’information, confirment que « la bataille électorale se poursuit pour la récupération des droits des chrétiens, et réajuster notre partenariat, sans quoi aucune solution n’est envisageable ».