Syrie : Entre échec de la trêve et début de la fin ?

Les frappes américaines contre l’armée syrienne à Deir El-Zor ont révélé encore une fois au monde qui est contre et qui est pour la guerre en Syrie; qui exploite le terrorisme international pour des intérêts particuliers, et qui lui fait barrage pour endiguer sa propagation. Les preuves sont irréfutables.

Sept jours étaient nécessaires pour que l’accord russo-américain soit effectif en Syrie. Après plusieurs violations de la trêve par les groupes armés à Alep, ce sont les Etats-Unis qui ont volontairement bombardé l’armée syrienne à Deir El-Zor permettant à Daech d’avancer sur ce terrain. Une erreur, prétendent les Américains. Quel naïf peut croire une chose pareille ?

Qui peut croire qu’une des plus puissantes aviations au monde, une des mieux équipées se trompe de cible en bombardant avec quatre avions de chasse et pendant une heure les positions de l’armée arabe syrienne au lieu de celle de Daech ? Si bombarder les positions de Daech était la volonté des Américains, pourquoi ces derniers n’ont-ils pas attendu tout simplement le septième jour ? C’est-à-dire le lendemain de cette agression cruelle contre l’armée syrienne ? Pour la porte-parole de la présidence syrienne Bouthaina Chaaban : « Si c’était vrai que les Américains ont fait une erreur, ils ne sont pas pour autant retournés pour bombarder les mêmes positions lorsque Daech les a reprises à l’armée syrienne. »1

Il convient de préciser qu’au moment même où l’aviation américaine bombardait les positions de l’armée syrienne à Deir El-Zor au profit de Daech, Israël bombardait le sud de la Syrie au profit d’Al-Nosra et la Turquie opérait au nord syrien au profit de l’armée syrienne libre. Trois acteurs pour le même projet en Syrie. La création de plusieurs zones isolées amputant la Syrie de ses territoires.

Les Etats-Unis s’opposent encore et toujours aux révélations du contenu de leur accord avec la Russie. De telles divulgations nuisent gravement à la réputation des Etats-Unis notamment auprès de ses alliés au Moyen-Orient, montrant leur double jeu. Les Américains et leurs alliés ont tenté, par l’opération contre l’armée syrienne, de rebattre les cartes au profit des terroristes, mettant fin à la trêve. Toutefois, les Américains préfèrent perdre la guerre en Syrie en essayant de la prolonger le plus possible à travers leurs mercenaires, plutôt que de la perdre en appliquant l’accord conclu avec les Russes, ce qui signifie pour eux un abaissement pur et simple face à la Russie.

De ce fait, nous comprenons à travers les agissements des Américains que la guerre en Syrie n’est pas encore terminée. L’irresponsabilité et les manœuvres des Américains vis-à-vis des Syriens et des Russes ainsi que de leurs alliés risquent de transformer la guerre syrienne en conflit régional, voire mondial.
L’idée d’une erreur est toujours répandue par la diplomatie américaine à chaque fois qu’il faut justifier une bavure. Ce fut à titre d’exemple le cas en Irak en 2003.

Les Américains ont offert l’opportunité aux Syriens et aux Russes d’en finir avec la situation à Alep remportant enfin la victoire. Ce qui mettra en grande difficulté les Etats-Unis et leurs alliés, qui risqueront de quitter pour de bon, le champ de bataille en vaincus.

Enfin, les temps semblent durs pour l’axe que représentent les Etats-Unis en Syrie. Alep va probablement être reprise, les réconciliations dans différentes localités syriennes fonctionnent correctement et les combattants quittent les lieux sans conditions en direction d’Idlib. Israël ne peut pas aller plus loin dans le sud de la Syrie puisqu’elle risque de se frotter à un adversaire de taille, le Hezbollah. Quant aux Turcs, ils reviendront à la raison scellant de nouveau une alliance d’intérêt avec Damas pour faire face aux Kurdes et aux Américains.

Que nous le voulions ou non, l’armée arabe syrienne était la seule à respecter la trêve. La Russie est la seule à chercher depuis six ans une solution politique à la guerre syrienne, respectant la souveraineté de la Syrie ainsi que la volonté de son peuple. Il est certain que la Russie a des intérêts en Syrie et au Moyen-Orient. Croire le contraire relève d’une naïveté injustifiable. Néanmoins, les intérêts russes n’empiètent pas, au moins en apparence, sur l’indépendance d’une nation, sur la souveraineté d’un territoire, sur la volonté d’un peuple, bafouant tous les droits légaux pour importer une démocratie à coup d’obus, à l’instar de ceux qui importent une interprétation religieuse par l’épée. La seule différence est uniquement l’arme utilisée.

Par leur soi-disant erreur, les Etats-Unis ont en quelque sorte libéré l’armée syrienne et ses alliés d’un certain nombre d’obligations, au profit d’une victoire à venir à Alep. Cela va permettre l’accélération des opérations au détriment d’une solution politique que les Etats-Unis seront tôt ou tard contraints d’accepter, de signer et de mettre en application.

1 Bouthaina Chaaban « Le bombardement américain de la Syrie n’est pas une erreur et il faut qu’ils comprennent », www.smn.sy