Une perquisition était en cours vendredi soir dans les bureaux londoniens de la société Cambridge Analytica, accusée d’avoir acquis les données de millions d’utilisateurs de Facebook sans leur consentement.
Dix-huit membres de l’Information Commissionner’s Office (ICO), le régulateur britannique chargé de la protection des données, se trouvaient au siège britannique de l’entreprise, situé en plein coeur de Londres.
Cette autorité indépendante, chargée de protéger les données personnelles, avait obtenu un peu plus tôt un mandat de perquisition délivré par un juge de la Haute Cour de Londres.
L’ICO avait réclamé cette mesure pour “fouiller les serveurs” de Cambridge Analytica et “effectuer une vérification des données”.
“Il ne s’agit là que d’une partie d’une enquête plus vaste sur l’utilisation de données personnelles à des fins politiques. Nous allons devoir maintenant recueillir, évaluer et examiner les éléments de preuve avant de tirer des conclusions”, a expliqué un porte-parole de l’ICO après l’obtention du mandat.
Le régulateur avait indiqué avoir demandé dès le 7 mars à Cambridge Analytica de pouvoir accéder à ses dossiers, mais ne pas avoir pas obtenu de réponse “dans les délais impartis”. D’où sa demande de mandat.
CA est accusée d’avoir récupéré à leur insu les données de 50 millions d’utilisateurs de Facebook et de les avoir utilisées pour développer un outil informatique permettant de cibler des électeurs afin de peser dans la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016.
La presse britannique s’interroge également sur son rôle pendant la campagne référendaire sur le Brexit, également en 2016.
Facebook dans la tempête
L’entreprise affirme de son côté ne pas avoir mal agi.
“Toute personne connaissant notre personnel et notre travail peut en témoigner: nous ne ressemblons en rien à l’entreprise animée par des motivations politiques et contraires à l’éthique que certains ont tenté de dépeindre”, a déclaré vendredi dans un communiqué le président intérimaire de CA, Alexander Tayler.
CA avait annoncé mardi la suspension de son patron Alexander Nix à la suite de “commentaires” de ce dernier enregistrés par la chaîne Channel 4 News, ainsi que d’autres “allégations” formulées à son encontre, qui “ne représentent pas les valeurs” de la société.
Ces commentaires étaient issus d’une enquête diffusée par la chaîne britannique où Nix apparaît en caméra cachée et se vante du rôle joué par son entreprise dans la campagne Trump. Recherche, analyse, “on a dirigé sa campagne numérique”, assure-t-il.
Entreprise de communication stratégique et d’analyse de données à grande échelle, CA dispose de bureaux à Londres, Washington et New York notamment.
Le scandale a plongé Facebook dans la tourmente, l’exposant à des plaintes en nom collectif, et contraint son jeune patron milliardaire Mark Zuckerberg à présenter des excuses publiques.
Dans les colonnes du New York Times, celui qui a lancé le plus grand réseau social du monde depuis sa chambre d’étudiant à Harvard en 2004 a promis de “réparer le système pour que ce genre de choses ne se reproduise pas”.