Le président libanais, Michel Aoun, a insisté jeudi à l’ONU sur le fait qu’il était urgent d’organiser le retour des déplacés syriens au Liban vers leur pays, alors que plus d’un million d’entre eux se trouvent au pays du Cèdre en raison du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011. Le chef d’Etat libanais a également répété le refus de son pays de toute naturalisation de réfugiés palestiniens ou de déplacés syriens.
“Le poids que le Liban supporte en raison de la guerre en Syrie dépasse ses capacités, mais le peuple libanais a fait preuve d’humanité et de responsabilité en accueillant les Syriens durant les dernières années”, a rappelé le chef de l’Etat libanais, dans une allocution prononcée au siège de l’ONU à New York, dans le cadre de la 72e session de l’Assemblée générale des Nations unies.
“Mais cela a aggravé le chômage au Liban (…) et notre économie a gravement souffert (…)”, a ajouté lé président Aoun. “Pour deux Libanais, il y a un déplacé Syrien au Liban”, a affirmé M. Aoun.
“Retour volontaire” contre “retour sécurisé”
“Il est urgent d’organiser le retour des déplacés syriens” dans leur pays, a-t-il insisté.
“Certains disent +retour volontaire+ des déplacés syriens. Nous disons +retour sécurisé+ et nous faisons une différence entre les deux, à l’instar du groupe de soutien au Liban”, a rappelé le président libanais.
“Nous parlons de déplacés et non de réfugiés, car ces individus sont venus en masse au Liban, sans l’accord du pays hôte. Actuellement, 85% du territoire syrien est sous contrôle du gouvernement. Et ce gouvernement est en train de conclure des accords de réconciliation avec les villages rebelles”, a fait savoir le président Aoun.
Le chef de l’Etat libanais a ainsi répondu, sans le mentionner, au président américain, Donald Trump, qui a appelé lors de son discours à l’ONU, mardi, à la “relocalisation” (“resettlement”) des déplacés dans “les zones proches de leur pays”.
En plus des déplacés syriens, le président Aoun a rappelé que “le Liban supporte le fardeau de 500.000 réfugiés palestiniens qui ont été expulsés de leur pays depuis 69 ans, alors que l’Unrwa (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) est sur le point de s’effondrer, et nous ne voyons aucune volonté de la part de l’ONU d’assurer la mise en place de la solution à deux Etats, palestinien et israélien”. “Cela vise à (…) naturaliser les réfugiés, chose à laquelle le Liban s’oppose. Qu’il s’agisse de réfugiés ou de déplacés, quel qu’en soit le prix. La décision concernant cette question revient au Liban et à nul autre”, a-t-il martelé
11 Septembre
Le président libanais a entamé son discours en saluant les familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001 perpétrés contre les Etats-unis par el-Qaëda.
“Il y a seize ans, avaient lieu les attentats du 11 Septembre. Nous réitérons notre solidarité avec les familles des victimes des ces attentats. Ces attaques ont signé le début de la guerre contre le terrorisme, ce qui a enflammé de nombreux pays du Moyen-Orient”, a dit le président Aoun.
“Ce terrorisme a par la suite frappé sur les cinq continents, faisant fi de toutes les règles internationales. Nul ne sait quand ou comment ce terrorisme prendra fin. Le Liban était voué à tomber entre les mains de ce terrorisme mais il s’en est sorti grâce à son unité nationale, en dépit des dissensions politiques internes, car nul n’a transgressé la ligne rouge, préservant les Libanais et leur sécurité, malgré des attaques terroristes contre certains villages”, a-t-il ajouté.
“Le Liban a remporté des victoires éclatantes contre les organisations terroristes, telles que Daech (acronyme arabe du groupe Etat islamique), Al-Nosra (ex-branche syrienne d’el-Qaëda, actuellement nommée Fateh el-Cham) et autres”, a insisté le président Aoun. Il a ainsi évoqué la victoire de l’armée libanaise contre les jihadistes de l’EI à la frontière syrienne, le mois dernier, mettant fin à la présence armée de ces jihadistes au Liban qui, selon le chef de l’Etat, s’étaient infiltrés parmi les déplacés syriens.
Le président Aoun a ensuite passé en revue les nombreuses violations israéliennes contre le Liban, en dépit de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. Le chef de l’Etat libanais a rappelé que son pays a porté plainte à plusieurs reprises contre ces violations, mais a dénoncé l’inaction de l’ONU.
Enfin, le président Aoun a présenté à l’ONU la candidature du Liban pour être un “centre permanent pour le dialogue entre les civilisations, les religions et les races”, en tant qu’institution onusienne.
A l’issue de son discours, le président Aoun s’est entretenu avec le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
M. Gueterres a exprimé le soutien de l’ONU au Liban et a estimé que la coopération entre la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) et l’armée libanaise est un acquis nécessaire pour que le Liban puisse exercer sa souveraineté sur la totalité de son territoire. Le patron de l’ONU a également espéré une coordination entre l’organisation et Beyrouth en matière de sécurité et d’application de la résolution 1701.
Le président Aoun a pour sa part assuré que le gouvernement libanais comptait accroître le nombre de ses militaires au Liban-Sud aux côtés de la Finul.