La guerre de Syrie s’achève. Bachar El Assad ne sera pas renversé et l’oléoduc reliant le Qatar à la Méditerranée via la Syrie et la région d’Alep ne sera pas construit, ce qui conforte les intérêts des producteurs de gaz russes et américains.
Ajoutons à cela que, côté iranien, le gaz du détroit d’Ormuz sera exploité par un consortium Exxon, Total et Shell , et côté Qatar, que ce pays vient de prendre 20% du capital du géant pétrolier russe Rosnet, et on conviendra que les gisements de gaz du Proche-Orient sont sous le contrôle des Américains et des Russes.
Tous deux ont donc intérêt à un prix élevé du gaz, et donc tous les deux vont faire pression pour que les producteurs limitent leur production.
Mais le prix du gaz est indexé sur celui de l’énergie en général, et celui du pétrole en est le premier constituant. Accepter de négocier avec la Russie après sa victoire en Syrie, c’est aussi accepter de lever les sanctions contre ses alliés iraniens et chiites d’Irak. Bref, c’est accepter de condamner un demi-siècle de politique américaine au Moyen-Orient (depuis la préparation de la chute du Shah) pour provoquer des tarifs forts du pétrole.
Or, si l’on veut faire monter les prix, il faut au minimum qu’à chaque fois que l’Iran et l’Irak vendront un baril sur le marché international… l’Arabie Saoudite diminue d’autant sa production.
L’Arabie Saoudite n’a plus d’alliés au Moyen-Orient. Le monde chiite lui est hostile, l’Irak est sous contrôle chiite, l’Égypte et maintenant la Turquie sont dans le camp russe, et la guerre qu’elle mène au Yémen peut se terminer par sa propre défaite.
Or, tous les pays producteurs de pétrole ont intérêt à ce que ce soit l’Arabie Saoudite, et elle seule, qui doive réduire sa production. Elle ne peut guère compter que sur une partie de l’appareil exécutif américain (en particulier de la CIA qui a entretenu avec elle une telle collaboration depuis cinquante ans qu’un renversement d’alliance mettrait dans une situation délicate, et de l’administration Obama dont les liens avec les Frères Musulmans sont aussi contestables que contestés).
C’est dans ce contexte que les pétroliers américains reprennent les postes clés de la FED, des Affaires Étrangères, de la Sécurité et du Commerce extérieur.
Les conséquences de l’échec américain en Syrie commencent à se faire sentir (règlements de compte entre la CIA et le FBI ; entre le Pentagone et la DIA (renseignement militaire)). Intelligemment, Poutine se garde bien d’intervenir.
Au Proche-Orient, la guerre au Yémen ne fait que commencer.
« Malheur aux vaincus » disaient les Romains.
Hervé LE BIDEAU
03/01/2017