L’armée israélienne est confrontée à sa plus grande crise de son histoire: la fuite de ses hauts officiers vers le secteur public. Cette crise a en effet commencé dans la foulée de la guerre de juillet en 2006 contre le Hezbollah.
Elle est depuis montée crescendo, proportionnellement aux profonds changements qui frappent la société israélienne, une société qui ne désire plus voir ses fils « hautement qualifiés » servir dans l’armée!
Dans ce contexte, le site de la revue « Israël Defense » a révélé que l’armée israélienne peine à trouver des officiers du grade de capitaine pour occuper les nombreux postes vacants.
Cette crise, si sensible pour l’image de l’armée israélienne, demeure « loin des médias, et les services sécuritaires s’abstiennent de l’évoquer en public ».
D’après le site de la revue, l’armée israélienne « a pris l’habitude de transmettre aux médias les informations qui lui convient. Pour cette raison, le débat sur la crise des officiers reste confiné dans les chambres closes ».
Mais cette crise se manifeste d’une façon plus flagrante dans les milieux des officiers qui achèvent leur service régulier dans les bases militaires et se précipitent vers la vie publique.
Selon le commentateur israélien Amir Rabaport, « cette crise découle d’une dégénérescence inquiétante de l’armée. Ainsi, les critères du service régulier dans la prochaine décade s’apparenteraient au service pénitencier et au service policier ».
« Les prémices de cette crise ont commencé à se faire sentir au lendemain de la deuxième guerre du Liban contre le Hezbollah en 2006. A la grande pénurie en officiers de grade du capitaine s’ajoute une dégradation du niveau de ceux qui servent dans l’armée », explique-t-il.
Et de rappeler une crise pareille dans la foulée de l’invasion sioniste du Liban en 1982, « lorsque la diminution des salaires et le ternissement de l’image de l’armée ont provoqué des démissions massives dans les rangs des soldats. Ceci a nécessité beaucoup de temps pour redorer le blason de cette institution militaire ».
De retour à la revue Israël Defense, spécialiste de questions militaires, celle-ci considère que « la pénurie en officiers est estimée à plusieurs centaines, surtout dans les départements technologiques… la crise est si dangereuse que l’une des plus importantes unités technologiques sécuritaires, celle de la direction de développement des moyens de combat et de l’infrastructure technologique, compte plusieurs postes vacants ».
Sachant que la démission de l’armée est facile à l’âge de 24-25 ans.
Les offres alléchantes dans le secteur public, lesquelles comprennent entre autre la voiture et les moyens technologiques sophistiqués, sont parmi les facteurs de la démission de soldats.
Cependant, l’ancien président du département des sciences comportementales dans l’armée, le colonel à la réserve Iyal Avrati, a confirmé que la véritable raison de ces fuites massives réside dans la dégradation de l’image de l’armée. « Ce n’est pas seulement une question d’argent, mais le problème est beaucoup plus profond. Il est en étroite relation avec les changements de fond qui ont frappé l’armée israélienne », a-t-il avancé.
Et d’expliquer: « Aujourd’hui, la mère juive ne veut pas que son fils bien qualifié serve dans l’armée. La chaine qui liait la société israélienne aux soldats de l’armée a été brisée. De ce fait, on fera face à une pénurie supplémentaire au niveau de la qualité des soldats. Cette trajectoire decrescendo est inéluctable, et aura de graves répercussions. Cette situation ne changera point tant que les soldats de 22-23 ans auront honte d’apparaitre en treillis militaires », a-t-il estimé.
Et de conclure: « Dorénavant, nous ne serons plus en mesure de préserver la haute qualité des ressources humaines dans l’armée israélienne