L’association Judicial Watch a publié 296 pages de documents relevant du State Department lorsqu’il était dirigé par l’actuelle candidate démocrate à la présidentielle, Hillary Clinton. La publication de ces documents aurait pu passer sous silence au Liban si le nom du milliardaire libanais Gilbert Chaghoury n’y figurait pas.
Les documents publiés par Judicial Watch font apparaître un e-mail datant de 2009 dans lequel le très controversé responsable de la Clinton Foundation, Douglas Band, réclame de Cheryl Mills et Huma Abedin, proches collaboratrices de Hillary Clinton au State Department, de mettre le milliardaire libano-nigérian Gilbert Chaghoury, «un personnage clé au Liban et pour nous» et un donateur de la fondation, en contact avec le représentant du State Department au Liban. «Il faut que Gilbert Chaghoury parle avec la personne en charge du Liban». Parlant de lui, il indique dans son e-mail: «Chaghoury est un personnage clé et il est aimé au Liban».
Huma Abedin aurait répondu que la personne idéale pour cela est l’expert en politique libanaise Jeffrey Feltman et elle a ajouté: «Je vais contacter Jeff». Douglas Band insiste sur le caractère urgent de cette affaire et répond dans son e-mail: «Il serait mieux que tu l’appelles. C’est préférable que tu le fasses maintenant. C’est important. Il est réveillé. Je suis certain».
Interrogé par CNN, Jeffrey Feltman a affirmé n’avoir jamais entendu parler de Chaghoury de la part d’Abedin ou de n’importe qui d’autre. «Je n’étais pas au courant de son intention de me parler avant la publication de ces e-mails», a-t-il dit.
Problème éthique
Selon les informations parues dans la presse américaine, Gilbert Chaghoury est un ami proche de l’ancien président Bill Clinton et l’un des plus importants donateurs de la Clinton Foundation. Selon les documents de la fondation, Chaghoury aurait contribué à hauteur d’une somme de 1 à 5 millions de dollars. Il aurait aussi promis, en 2009, la somme de 1 milliard de dollars à la Clinton Global Initiative.
Il semble que les faveurs réclamées par Hillary Clinton à travers sa fondation sont en contradiction directe avec l’accord éthique dans lequel elle s’était engagée et la promesse qu’elle avait faite au cas où elle serait nommée secrétaire d’Etat. «Pour toute la durée de mon mandat en tant que secrétaire d’Etat, au cas où je serai désignée, je ne participerai pas personnellement et substantiellement dans aucune affaire où la Clinton Foundation (ou la Clinton Global Initiative) serait partie ou représentera une partie».
Selon le président de la Judicial Watch, Tom Fitton, «il n’est pas étrange que Hillary Clinton et Huma Abedin aient caché ces e-mails au peuple américain, aux tribunaux et au Congrès. Ces courriels montrent clairement que la Clinton Foundation, les donateurs, ainsi que les collaborateurs travaillaient avec Hillary Clinton dans une violation potentielle de la loi».
Des câbles diplomatiques publiés par WikiLeaks révèlent que Chaghoury était le pourvoyeur de fonds de Michel Aoun, décrit comme un allié du Hezbollah. Toujours selon le câble mentionné, en octobre 2007, le Premier ministre libanais a relevé l’existence des liens entre Chaghoury et Aoun et suggéré à l’Administration américaine d’adresser un message sévère à l’homme d’affaires libanais, le menaçant de possibles sanctions financières et d’interdiction de voyager, ainsi que d’autres mesures qui seraient éventuellement prises à son encontre.
En 2010, il apparut que Gilbert Chaghoury a été interdit d’atterrir à bord de son jet privé à New Jersey. Il fut même ajouté à la liste des personnes interdites de voler. Par la suite, son nom fut retiré de cette liste et il reçut une lettre d’excuses de la part du gouvernement américain.
Joëlle Seif