Le patriarche maronite, le cardinal Bechara Raï, a effectué mardi une visite historique en Arabie saoudite, lors de laquelle il s’est dit “convaincu” par les motifs de la démission du Premier ministre libanais Saad Hariri, au centre des préoccupations du moment.
M. Hariri a annoncé le 4 novembre sa démission soudaine depuis la capitale saoudienne, en dénonçant la mainmise sur son pays de l’Iran et de son allié libanais le Hezbollah. Depuis, sa liberté de mouvement fait l’objet d’intenses spéculations.
“Je suis convaincu par les raisons de sa démission”, a dit le cardinal Raï à des journalistes après une série d’entretiens. “Il reviendra au Liban dès que possible”, a-t-il ajouté.
Le patriarche maronite, premier responsable libanais à se rendre en Arabie saoudite depuis le 4 novembre, a d’ailleurs rencontré à Ryad Saad Hariri.
Ce dernier a utilisé mardi son compte Twitter pour la première fois en 10 jours.
“A tous, je vais parfaitement bien. Si Dieu le veut, je serai de retour dans les deux jours. Calmons-nous. Quant à ma famille, elle restera dans son pays, le royaume d’Arabie saoudite”, a notamment écrit M. Hariri, qui possède la double nationalité, libanaise et saoudienne.
Mardi, la France a souligné que le Premier ministre libanais devait pouvoir “retourner librement” dans son pays. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, doit s’entretenir mercredi soir à Ryad avec le prince héritier Mohammed ben Salmane de la crise libanaise, une semaine après une visite dans la capitale saoudienne du président Emmanuel Macron.
La démission de Saad Hariri, qui a plongé le Liban dans la crise, est survenue alors que la tension monte entre Ryad et Téhéran: les deux rivaux régionaux soutiennent notamment des parties opposées dans les conflits en Syrie et au Yémen.
Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson a mis en garde vendredi contre toute utilisation du Liban “comme théâtre de conflits par procuration”.
“L’Arabie saoudite a allumé un feu, et semble résolue à avoir une confrontation plus agressive avec l’Iran”, estime Thanassis Cambanis, chercheur à la Century Foundation, à New York.
“Hariri semble moins enclin à la confrontation (que l’Arabie), mais il ne semble pas être en mesure de mener le jeu”, a-t-il dit à l’AFP.
Visite historique
Au-delà du cas sensible du Premier ministre libanais démissionnaire, la visite en Arabie saoudite du cardinal Raï revêtait un caractère historique: c’est la première fois qu’un patriarche maronite effecte un tel déplacement, ont souligné ses services.
Elle marquait ainsi un rare moment d’échange interreligieux dans le royaume ultraconservateur, qui abrite les lieux les plus saints de l’islam.
Arrivé lundi, le patriarche maronite a été reçu mardi matin par le roi Salmane. Lors de leur entretien, ils ont évoqué “les relations fraternelles entre le royaume et le Liban, et confirmé l’importance du rôle des différentes religions et cultures pour promouvoir la tolérance et renoncer à la violence”, selon l’agence officielle saoudienne SPA.
Le dignitaire religieux libanais s’est également entretenu avec le puissant jeune prince héritier, Mohammed ben Salmane.
Cette visite “illustre l’approche du royaume en faveur de la coexistence pacifique, de la proximité et de l’ouverture à toutes les parties de la population arabe”, a encore écrit sur Twitter le ministre saoudien en charge des relations avec les pays du Golfe, Thamer al-Sabhane.