Dans l’allocution qu’il doit prononcer aujourd’hui à l’Assemblée générale de l’ONU au nom du Liban, le président de la République, Michel Aoun, devrait exprimer les constantes de la position libanaise concernant les différentes questions internationales et locales impliquant le pays du Cèdre, notamment celle des déplacés syriens. Le chef de l’État devrait souligner à l’occasion la nécessité d’œuvrer pour le retour de ces derniers dans des zones stables en Syrie.
Dans son discours, le président Aoun ne répondra pas aux propos du président des États-Unis, Donald Trump, concernant l’implantation des déplacés dans « les zones proches de leur pays » ou d’autres dossiers libanais. Il ne souhaite pas polémiquer avec Donald Trump. Mais les constantes qu’il réaffirmera dans son allocution, depuis la même tribune à partir de laquelle M. Trump s’était exprimé lundi, constitueront une réponse indirecte « à tout ce qui est dit ou ourdi en relation avec le Liban ». D’autant que ces constantes font l’unanimité parmi les Libanais.
Selon des sources proches de la délégation libanaise à l’ONU, les grandes lignes du discours de M. Aoun ne changeront donc pas au lendemain de l’allocution du président des États-Unis. Par exemple, sa position selon laquelle l’implantation est un crime est claire. Il n’a pas attendu le discours de M. Trump pour exprimer le refus ferme du Liban face à tout projet de ce genre. Qu’à cela ne tienne, l’allocution du chef de l’État comportera un passage sur la question des déplacés syriens et un autre sur les réfugiés palestiniens, sans que cela ne constitue une réponse au président des États-Unis. Il devrait également souligner l’unité interne et la préservation du pluralisme politique et confessionnel comme priorité puisqu’il a protégé le Liban face à toutes les crises des dernières années, qui plus est dans un environnement en folie. C’est sur base de cette formule libanaise unique et spéciale qu’il réclamera que le Liban devienne un centre international pour le dialogue des civilisations, des cultures et des religions.
La diaspora plutôt que Trump
Il convient cependant de souligner que le président de la République n’a pas pris part à la cérémonie d’accueil organisée par le président Trump aux chefs d’État et aux délégations présentes à l’Assemblée générale. Il a ainsi évité, par ce geste, une première poignée de main avec Donald Trump. A-t-il voulu répondre ainsi à l’allocution du président des États-Unis ou bien s’agit-il d’un concours de circonstances ? Selon des sources proches de la délégation libanaise, Michel Aoun n’était déjà pas très enthousiaste à l’idée de participer à cet événement. La teneur du discours du président américain à la tribune de l’ONU n’aura été, dans ce sens, qu’un facteur supplémentaire pour le décourager d’assister à la cérémonie. Le chef de l’État aurait ainsi préféré aller à la rencontre de la communauté libanaise à New York, dans le cadre d’une cérémonie organisée par le représentant du Liban à l’ONU, l’ambassadeur Nawaf Salam, en présence notamment des ministres Gebran Bassil et Pierre Raffoul, de l’ancien ministre Élias Bou Saab, et des ambassadeurs Sahar Baassiri et Gaby Issa.
Devant les Libano-Américains présents à la réception, le président de la République a affirmé que le Liban avait « réussi à transcender ses difficultés et les crises de la région, qui sont les plus violentes depuis la Seconde Guerre mondiale, grâce à l’éveil des Libanais ». Selon lui, ces derniers « ont su comprendre que les divergences politiques, quelle que soit leur âpreté, ne doivent pas torpiller l’unité nationale ». Aussi, « les conflits se sont-ils réduits à l’échange politique seulement, sans dégénérer sur le plan sécuritaire », a-t-il ajouté, et les Libanais ont su « œuvrer ensemble dans l’intérêt du Liban et pour son développement ».
Michel Aoun a enfin appelé la communauté libanaise installée à New York à visiter le Liban à chaque occasion pour « célébrer le rétablissement progressif du pays ».
Dans son allocution, l’ambassadeur Salam a exprimé sa joie d’accueillir le président de la République à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU, après trois ans de vacance à la tête de l’État. Il s’est également félicité que les Libanais de la diaspora puissent voter aux prochaines législatives, en souhaitant que des sièges parlementaires leur soient ultérieurement réservés.
« L’armée capable de faire face aux terroristes »
Dans le cadre de ses audiences en marge de l’Assemblée générale, Michel Aoun a reçu à son lieu de résidence une délégation de la Task Force for Lebanon, présidée par Edward Gabriel, en présence de la chargée d’affaires à l’ambassade du Liban à Washington, Carla Jazzar. L’entretien s’est focalisé sur les relations bilatérales et les exploits accomplis par l’armée libanaise dans le cadre de l’offensive « Aube des jurds ».
L’occasion pour M. Aoun de souligner « la capacité de l’armée libanaise à faire face au terrorisme et aux terroristes », précisant que « les aides qu’elle reçoit sont essentielles pour qu’elle puisse remplir sa mission intégralement face à un ennemi difficile, qui a réussi à semer la peur et la mort dans tous les recoins du monde ». Le président de la République a également souligné sa détermination à « poursuivre sur la voie des réformes et de la lutte contre la corruption ». « Nous avons réussi à terrasser la corruption en neuf mois seulement. Nous pouvons refaire du Liban ce qu’il était autrefois. Beaucoup de choses ont été réalisées, et il ne faut pas les négliger, même s’il reste encore beaucoup à faire », a-t-il ajouté. Il a enfin mis en garde contre « le danger constitué par Israël, qui continue à violer au quotidien la souveraineté libanaise et les résolutions internationales ».
Signalons que le chef de l’État a également rencontré hier le secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), Youssef al-Othaïmine