Un coup de tonnerre « inattendu » même pour son président : Zinedine Zidane a annoncé hier, à la surprise générale, qu’il quittait son poste d’entraîneur du Real Madrid, cinq jours après sa troisième victoire consécutive en Ligue des champions (C1), qui l’a définitivement fait entrer dans l’histoire du football.
« J’ai pris la décision de ne pas continuer l’année prochaine », a déclaré Zidane, âgé de 45 ans, qui était à la tête de l’équipe merengue depuis début 2016. Une décision qualifiée de « totalement inattendue » par le président du club, Florentino Perez, à ses côtés en conférence de presse au siège du club. « Je pense que c’est le moment pour tous, pour moi, pour l’équipe, pour le club », a déclaré le champion du monde 1998 devant la presse, visiblement ému. « Cette équipe doit continuer à gagner et a besoin d’un changement. Après trois ans, elle a besoin d’un autre discours, d’une autre méthodologie de travail », a ajouté Zidane, dont le contrat à la tête de l’équipe courait jusqu’en 2020.
« En tant que joueur et entraîneur, tu as décidé de dire au revoir au sommet. Merci pour ces deux ans et demi incroyables. Ton héritage ne sera jamais effacé, c’est l’un des chapitres les plus réussis de l’histoire de notre bien-aimé Real Madrid », lui a rendu hommage son capitaine, Sergio Ramos, sur son compte Twitter.
Douze ans après avoir raté la fin de sa carrière de joueur, sur un coup de tête fatal en finale du Mondial 2006, Zinedine Zidane a tenu cette fois-ci à clore le premier chapitre de sa « seconde carrière » au sommet de son art. Moins de trois ans après sa nomination à la tête de l’équipe première en janvier 2016, sous les interrogations, voire les sarcasmes de certains observateurs, le Français a remporté tous les titres possibles à l’exception de la Coupe du Roi. Mieux, outre la Liga décrochée en 2017 au bout de 38 journées, il a remporté toutes les finales qu’il a disputées : Ligue des champions 2016, Supercoupe d’Europe 2016, Mondial des clubs 2017, Ligue des champions 2017, Supercoupe d’Espagne 2017, Supercoupe d’Europe 2017, Mondial des clubs 2018 et Ligue des champions 2018. Un palmarès hors norme !
« Je ne cherche pas d’autre équipe »
À voir la joie sur son visage sur la pelouse de Kiev, lui d’habitude si zen et tout en self-control – sauf quand ses joueurs réussissent des gestes insensés comme les retournés acrobatiques de Cristiano Ronaldo et Gareth Bale –, qui aurait pu croire que Zidane annoncerait son départ cinq jours après la brillante victoire contre Liverpool (3-1) ? Est-ce pour reprendre une autre formation, pour prouver qu’il peut réussir ailleurs qu’au Real ? « Je ne cherche pas d’autre équipe », a répondu à la presse Zidane, l’un des rares techniciens à avoir décidé de quitter de son propre chef le prestigieux club merengue, réputé pour accorder une durée de vie très limitée à ses entraîneurs.
« Maintenant, après le Real, quel club peut-il faire ? C’est un peu compliqué, c’est sûrement l’un des plus grands clubs au monde, et il a déjà tout gagné, tous les titres quasiment ! Il ne lui manque que la Coupe du Roi, ma foi », avait estimé, après le triomphe à Kiev en finale de la Ligue des champions, Guy Lacombe, l’homme qui l’a fait éclore à l’AS Cannes avant de devenir son formateur au métier de coach près de 30 ans plus tard. « Je pense qu’un jour il aimerait prendre l’équipe de France. C’est évident, il ne s’en est jamais caché. Il faut que ça se fasse dans de bonnes conditions, au bon moment, et ça, puisqu’il est patient, il n’y aura aucun problème. On verra dans le temps, mais il a un destin international », avait ajouté Guy Lacombe.
Si le contrat de sélectionneur de son ancien coéquipier Didier Deschamps a été prolongé jusqu’en 2020, l’idée de voir un jour Zidane prendre les commandes de l’équipe de France ne déplaît pas au président de la Fédération française (FFF), Noël Le Graët. « C’est une suite logique, c’est probable qu’un jour il l’ambitionne », avait-il même déclaré en juin 2017. Après le départ de Laurent Blanc en juillet 2012, Zidane avait déjà manifesté au patron de la FFF son désir d’entraîner les Bleus. « Je me rappelle lui avoir dit, ici (au siège de la FFF) : “Tu ferais mieux de prendre Bordeaux pour faire tes premières armes“… Trois Coupes d’Europe, c’est quand même phénoménal. Les joueurs l’adorent. Il fait bien jouer. C’est un énorme entraîneur », a confié mercredi Noël Le Graët.
Rendez-vous donc pour après l’Euro 2020 ? À moins que Deschamps n’échoue dans sa mission en Russie…
Source : AFP