Le Courant patriotique libre (CPL) boycotte désormais le dialogue national, les séances de l’élection présidentielle et le Conseil des ministres… Ce sera tout? La descente dans la rue est-elle prévue même sans le soutien de vos alliés, en l’occurrence les Forces libanaises (FL) et le Hezbollah?
Le CPL ne boycotte pas pour boycotter ou parce qu’il en a envie. Les raisons de cette démarche ont été énumérées à maintes reprises, notamment autour de la table du dialogue national. Nous ne sommes pas fans de boycott. Nous revendiquons un partenariat national général réel, l’égalité entre tous. Plusieurs décisions sont prises sans être justifiées, à commencer par les nominations. Nous dénonçons ces agissements et nous continuerons à le faire en politique, à travers les médias ou ailleurs. Tous les moyens légitimes sont possibles pour protester.
Ne craignez-vous pas d’être accusés de paralyser toutes les institutions après le dialogue, la Chambre, le Conseil des ministres?
Ceux qui paralysent le pays sont ceux-là mêmes qui refusent de combattre la corruption. Nombreux sont les dossiers qui puent: le scandale d’Internet, celui de la mécanique, celui des déchets… Aucun dossier n’est traité sérieusement pour aboutir aux décisions convenables. C’est ce que nous dénonçons et qui, non seulement paralyse les institutions mais porte aussi atteinte, de manière flagrante, aux citoyens. Nous exigeons que cesse cette corruption. Concernant les nominations, qu’ils nomment qui ils veulent mais la prorogation est rejetée. Le seul perdant de la prorogation sera l’institution militaire.
Concernant l’altercation verbale entre le ministre Gebran Bassil et le député Seliman Frangié, l’emportement de Bassil traduit-il vraiment le ras-le-bol des chrétiens ou celui du CPL qui n’arrive pas à faire élire le général Michel Aoun à la première magistrature?
Personne ne s’est emporté durant la séance du dialogue national. Sleiman Frangié s’est montré provocant et personne ne lui a répondu. Il a lui-même reconnu, à l’issue du dialogue, qu’il appuyait les revendications du CPL mais s’opposait aux moyens.
Cette ambiance de veto existe depuis longtemps dans le milieu chrétien; le CPL ne l’a pas créée ni incitée. Il la traduit. En 2005, par exemple, le CPL représentait 70% de la rue chrétienne et on l’a exclu du gouvernement! Nous témoignons du même comportement actuellement. Nous lançons un cri pour que tout le monde revoie ses positions. Les FL ne font pas partie du gouvernement mais sont conscientes de la situation. Samir Geagea l’a même signalé dernièrement en appelant au partenariat. Nous continuerons à refléter l’exacerbation des chrétiens, indépendamment de ceux qui soutiennent nos options en public ou discrètement…
Pour ce qui est de la présidence, nous réclamons tous un président fort, non conforme aux critères de la tutelle.
Propos recueillis par Karla Ziadé