Lettre de son excellence le Président de la République
le Général Michel Aoun,
à la veille des élections législatives,
le 14/5/2022
Mes chers Libanais,
Je m’adresse à vous, aujourd’hui, à la veille des élections législatives, afin de vous pousser à y participer massivement. Exprimez votre opinion, choisissez ceux en qui vous avez confiance, ceux qui défendent vos droits et adoptent les lois qui les préservent et les protègent, d’autant plus que le prochain parlement sera face à des responsabilités législatives et des perspectives constitutionnelles très importantes.
Le vote électoral n’est pas seulement un droit mais aussi un devoir ! C’est la seule voie juste et effective qui mène au changement.
L’heure des règlements de comptes a sonné et celle-ci passe par les urnes. Ne ratez pas cette opportunité alors que depuis deux ans des vérités ont éclaté et des mensonges ont été dévoilés, permettant de mettre des visages et des noms à la corruption.
Votre responsabilité est grande pour éviter l’arrêt du processus de démantèlement du système de corruption qui a contrôlé toutes les structures du pays pendant des décennies. Bien au contraire, il faut le mener à bout jusqu’au châtiment des corrompus et des voleurs.
Depuis 30 ans on nous a fait vivre dans un énorme mensonge en nous persuadant que la livre libanaise est forte, que nous avons de l’argent et que notre situation financière est confortable.
Bien sûr, ce mensonge était agréable à vivre et à entendre, mais il était évident que nous allions un jour en payer le prix. Un prix qui ne pouvait devenir avec le temps qu’encore plus exorbitant.
Maintenant, le mensonge a pris fin et tant mieux ! La dure vérité est apparue. Une réalité à laquelle nous devons faire face pour trouver le moyen de nous en sortir.
Aujourd’hui, une grande campagne de démoralisation est menée avec pour titre : Le Liban est ruiné, en faillite… il faut donc partir, fuir !
Non et non ! je l’ai dit il y a des années et je le redis encore : le Liban a été pillé, il n’est ni en faillite ni ruiné.
Depuis que nous ayons établi le budget de l’État pour la première fois après 12 ans d’abstinence et que les finances ont été réglementées, les trous financiers ont commencé à apparaître et nous avons pu observer, chiffres à l’appui, que le Liban avait été pillé !
Oui, il a été dépouillé et volé de façon organisée et programmée et les fonds ont été illicitement transférés à l’étranger.
Aujourd’hui, on essaye de vous faire payer les conséquences de ces actions et de me faire porter la responsabilité. Alors que depuis plus de 25 ans je n’ai cessé de mettre en garde contre ces politiques économiques et financières qui hypothéquaient le pays et nous menaient tout droit vers des débâcles et des crises.
Pour redresser la situation actuelle, plutôt que de continuer à perdre du temps en échanges d’accusations et dénies des responsabilités, il est essentiel que la justice accomplisse sa fonction.
Oui, la justice doit nommer les corrompus et les châtier, d’autant que certains sont maintenant bien connus.
Ce n’est pas au Président de la République de poursuivre et de juger les corrompus et les voleurs pour les mettre en prison. Moi je peux indiquer la voie qui permet de les identifier. Pour cela, j’ai réclamé à corps et à cris un audit comptable et financier qui établirait les responsabilités des uns et des autres, en précisant : C’est par là qu’il faut commencer !
De plus j’ai affirmé moult fois à la justice que j’étais son bouclier protecteur mais que je ne pouvais pas la remplacer, ni interférer dans son action. Elle seule doit effectuer le travail qui lui incombe pour sauver le pays.
Il en est de même de la police judiciaire qui devrait accomplir son rôle, sinon les décisions des juges ne mèneront à rien.
J’ai alerté plus d’une fois les députés au sujet des lois qui protègent les droits du peuple et empêchent la fraude. Si celles-ci avaient été légiférées en temps et en heure on ne serait pas arrivé à la situation actuelle.
Aujourd’hui encore, je répète : Oui, nous avons des ressources, oui, nous avons des énergies capables de régénérer notre économie et de sauver le pays, ne cédez pas à l’abattement.
En choisissant des députés capables de présenter et de légiférer les lois nécessaires pour sauver et protéger vos droits, oui, nous aurons encore une réelle opportunité.
Chers compatriotes,
Après ce premier mensonge, voilà un autre, bien plus redoutable, qui est en train d’être semé dans l’esprit des Libanais et en particulier des jeunes. Il consiste à faire croire que nous pouvons éliminer une composante de notre société tout en préservant la paix et la stabilité du pays.
Cette façon de penser est très dangereuse et le prix est exorbitant. Le prix est un conflit. Le prix est une guerre civile !
Le Liban ne peut vivre qu’avec toutes ses composantes et tous ses enfants.
De telles tentatives ont déjà eu lieu dans le passé et elles ont noyé le pays dans une mer de larmes et de sang.
Qui est prêt encore à ce que ses enfants et ses petits-enfants vivent la même peur, la même douleur, les mêmes drames ?
Arrêtez donc les discours de haine et les slogans incitant à la division et aux rêves isolationnistes. Arrêtez-les tous !
Arrêtez de fabriquer des rumeurs et de semer la peur entre les uns et les autres.
Tout cela détruit et ne construit pas une société, encore moins un pays !
Demain, les élections vont s’achever et vous allez continuer à vivre ensemble. Non, personne ne peut se débarrasser de personne !
Et ce n’est pas moi, Michel Aoun, qui ai passé ma vie à me battre pour l’unité et la souveraineté du Liban sur chaque centimètre carré de terre et de mer, moi qui ai été le premier à présenter une stratégie de défense nationale, qui permettrait aujourd’hui ou n’importe quel autre jour que cette souveraineté soit violée ou vendue au marché noir ou fasse l’objet d’un quelconque marchandage ou troc.
Il y a deux jours, le rapport des Nations unies recommandait de donner aux déplacés syriens et aux réfugiés palestiniens le droit de travailler au Liban et de bénéficier de la sécurité sociale.
Je tiens à me répéter et à pleine voix : Le droit du peuple libanais est une priorité. Notre pays ne peut plus supporter le fardeau de la demande d’asile ni du déplacement et nous rejetons toute forme d’intégration et de réinstallation. Encore une fois je le dis et le redis : Nul ne peut obtenir ma signature sauf pour le retour en toute sécurité des réfugiés et des personnes déplacées dans leurs pays.
Chers compatriotes,
L’exploitation de votre douleur et de vos difficultés financières sont vos plus grands adversaires lors des élections. Cette tentative destructrice permet à ceux qui vous ont mis dans cette situation de raviver leur influence et ce, à chaque nouvelle échéance électorale.
J’espère que vos cris s’élèveront face à ces marchands du temple, ceux qui font le commerce de l’humain et du pays !
Fermez-leur votre porte et dites-leur que votre conscience n’est pas à vendre. Vous n’êtes pas à vendre ! Pour cela, souvenez-vous des paroles de Jésus : « Nul ne peut servir deux maîtres, Dieu et l’argent ».
N’oubliez pas non plus que celui qui vous achètera à bas prix aujourd’hui, vous cèdera demain à un prix exorbitant.
De grosses sommes d’argent dont les sources sont suspectes sont jetées à tort et à travers à des fins encore plus suspectes. Ne permettez pas à leurs objectifs d’être atteints.
Nous avons mis à nu les filières de la corruption afin de pouvoir rebâtir le système et les institutions. Cela nous a coûté très cher, alors ne permettez pas à la caste des corrompues de renaître de nouveau.
Chers compatriotes,
Une grande opportunité se présente aujourd’hui : celle de la révolution par les urnes dans l’isoloir.
Révoltez-vous dans l’isoloir contre l’argent électoral.
Révoltez-vous contre tous ceux qui vous considèrent comme une marchandise.
Révoltez-vous contre le chantage politique.
Révoltez-vous contre la décadence morale et la perte des valeurs.
Révoltez-vous contre l’aliénation à l’étranger.
Révoltez-vous contre ceux qui ont volé votre argent et votre épargne.
Révoltez-vous contre ceux qui ont mis des obstacles face au démasquage des voleurs à et qui continuent à obstruer chaque pas qui mène à la protection de ce qui vous reste comme droits.
Révoltez-vous contre ceux qui sèment la discorde, cherchant à provoquer un conflit et peut être même une guerre civile.
La révolution par les urnes électorales est la plus saine et la plus honnête des révolutions, ne la monnayez pas !
Restez libre derrière l’isoloir car ces quelques minutes peuvent vous faire gagner toute une vie riche en dignité dans votre patrie.
Vive le peuple libanais et vive le Liban !