Monsieur le Ministre,
Suite à votre dernière intervention médiatique sur la situation au Liban, permettez-moi de partager avec vous la même angoisse et le même sentiment de gravité mais pas du tout le même diagnostic.
Mettre tout le monde dans le même sac ne me semble pas pouvoir servir l’action entreprise par la France depuis le 4 août dernier pour sortir le Liban de cette impasse.
En effet, vous évoquez le blocage au niveau de la constitution d’un nouveau gouvernement mais vous n’êtes pas sans savoir qui bloque cette constitution en imposant des conditions qui montent progressivement chaque fois qu’une issue est proposée, en violant les règles constitutionnelles basiques et, pire, en passant son temps en avion et à l’étranger plutôt que d’être sur le terrain jusqu’à arriver à bon port.
Vous évoquez, Monsieur le Ministre, la nécessité de lancer les chantiers de l’assainissement de la vie publique mais, en fin connaisseur du Liban, vous n’êtes pas sans savoir non plus qui sont ceux qui bloquent ces chantiers et qui exercent leur chantage et n’hésitent pas à menacer de mettre le pays à feu et à sang si on touchait à leurs acquis. L’exemple du chantier de l’audit juri-comptable en est l’exemple type auquel le président Macron a appelé de ses vœux mais pour lequel seul le président libanais le Général Michel Aoun se bat bec et ongles.
Monsieur le Ministre,
Vous avez raison de penser que l’effondrement serait catastrophique pour les libanais et pour la région ; je rajouterai pour ma part que cet effondrement serait encore plus catastrophique pour le monde entier où des millions de réfugiés risqueraient d’envahir l’occident et l’Europe en particulier. A contrario, un Liban apaisé et souverain sera extrêmement bénéfique pour le monde, en particulier la France, surtout quand il aura la possibilité d’extraire ses richesses naturelles, surtout en gaz.
Le Liban n’a pas besoin d’injonction mais plutôt d’un accompagnement tel qu’un grand frère avec son cadet, exactement comme l’a exprimé le président Macron à Beyrouth le 6 août dernier.
Le Liban n’a pas besoin de dilution des responsabilités mais bien au contraire de positions fermes et claires basées sur un bon diagnostic sans gants ni pincettes.
Le Liban, enfin, a besoin d’une action d’envergure pour l’aider à récupérer ses fonds pillés par transfert à l’extérieur, action parfaitement faisable à travers des procédures légales via Tracfin par exemple.
Monsieur le Ministre,
Même si beaucoup de « responsables » libanais ne sont pas à la hauteur de leur rôle, la dimension régionale et internationale de la crise actuelle ne pose aucun doute. Seule la France peut aider vraiment le Liban au vu de la proximité historique, géographique et socioculturelle entre les deux pays afin d’inverser la tendance et d’imposer le changement voulu en soutenant le président de la république libanaise et toutes les forces qui luttent réellement contre le système corrompu au Liban.
Dr Élie Haddad
Président du Rassemblement Pour le Liban (RPL)