En 2000, il existait au Liban une quinzaine d’agriculteurs bios. Aujourd’hui, on compte des centaines de producteurs. Malgré le prix toujours élevé de ces produits, la demande est au rendez-vous. Quel avenir pour le secteur au Liban? Pourquoi ces produits sont-ils toujours aussi coûteux?
Si les prix des produits certifiés bios au Liban sont toujours entre 50% et 300% plus chers que les conventionnels, force est de constater que la demande est malgré tout au rendez-vous. Les consommateurs sont plus que jamais à la recherche d’un produit exempt de tout artifice.
La preuve de cette tendance est la multiplication des rayons consacrés à ce type de produits dans les supermarchés et celle d’enseignes de distribution spécialisées. Mais pourquoi les prix des produits bios sont-ils toujours aussi élevés? Peut-on espérer ces produits accessibles dans un futur proche?
Pour Mario Massoud, directeur exécutif de Biomass, la cherté de ces produits s’explique principalement par un moindre rendement pour les producteurs.
Pour des ingrédients comme l’huile d’olive bio, le prix est 50% plus cher que le conventionnel, mais pour certains produits comme les œufs issus de l’agriculture biologique, le prix peut être 300% plus élevé que celui des œufs produits en masse.
«Cela s’explique par le respect d’un cahier des charges précis pour la production de ces produits, explique Massoud. Pour les œufs par exemple, les fermiers doivent nourrir les poules avec des graines biologiques qui ne sont pas vendues au Liban. Cela nécessite donc l’importation de ces aliments et se fait ainsi ressentir au prix d’achat. La poule élevée en plein air selon les critères de l’élevage biologique produira aussi moins d’œufs que celle élevée en cage».
Transition difficile
«La différence entre la production de produits bios et conventionnels est le rendement qui sera bien moins important pour les premiers, explique Mario Massoud. C’est pour cette raison que les agriculteurs bios sont obligés de vendre plus cher. Aujourd’hui, un de nos challenges les plus importants est de trouver de nouvelles techniques de production biologique qui permettent d’augmenter le rendement des récoltes et ainsi pouvoir vendre moins cher».
Malgré les difficultés du secteur du bio au Liban, Massoud en est persuadé: le bio est là pour durer, car c’est ce que le consommateur veut.
Une autre preuve que cette tendance s’inscrit dans la durée est la continuelle croissance de la demande. «La demande de produits bios a augmenté en moyenne de 33% par an ces cinq dernières années chez Biomass», précise le professionnel.
Besoin de transparence
Les nouveaux acteurs se multiplient ainsi sur le marché libanais. C’est le cas de Biopret, une nouvelle gamme de produits, désormais disponible sur le marché au Liban.
Lama Bahsoun, cofondatrice de la marque, est convaincue: «Il existe une vraie demande du consommateur quant à la transparence des procédés de production et à l’origine des produits qu’il a dans son assiette. A Biopret, nous nous intéressons ainsi à la traçabilité des produits et à la pureté de leur source. Nous produisons notre propre huile d’olive extra vierge sur un terrain au sud du Liban à 600 mètres d’altitude. Nous travaillons avec les agriculteurs locaux du village».
Pour les produits qui ne peuvent pas être confectionnés au Liban comme l’eau de coco, les fondateurs de Biopret ont fait le voyage dans plusieurs pays d’Asie avant de choisir le Sri Lanka comme pays d’origine des produits sélectionnés pour leur gamme.
Un seul organisme de certification
Aujourd’hui, l’Institut méditerranéen de certification (IMC) a le monopole sur ce secteur. Une situation qui peut avoir plusieurs conséquences notamment celle de possibles conflits d’intérêts entre le certificateur et certaines fermes. Outre le conflit d’intérêts, les professionnels du secteur soulignent le manque de choix pour les producteurs et distributeurs. Le certificateur peut également pratiquer les prix qu’il souhaite. Si un producteur ne reçoit pas la certification de l’IMC, il n’a pas d’autre choix. L’ensemble des professionnels appellent ainsi à la création d’un second organisme de certification.