A Baalbeck pour le 60e anniversaire du Festival, la pop star Mika a fièrement revendiqué ses origines libanaises durant tout son spectacle et fait entrer le public dans sa bulle devant un Bacchus en ivresse et à son comble.
«Même si l’identité libanaise ne représente qu’une petite partie de votre identité globale, comme c’est le cas pour moi, cette petite partie vous envahit complètement», a fièrement clamé Mika lors de son concert à Baalbeck, à l’occasion du soixantième anniversaire du Festival.
Le chanteur pop a revendiqué avec fierté ses origines libanaises lors de la dernière étape de sa tournée qu’il a d’ailleurs spécialement ajoutée pour l’occasion. «Baalbeck est le dernier concert d’une tournée de quinze mois», a partagé l’artiste avec son public.
Ce n’est donc pas un hasard s’il a choisi d’ouvrir son spectacle sur un air de Li Beyrouth de Feyrouz et ce, devant un temple de Bacchus à son comble.
Des tubes légendaires comme Relax ou Elle me dit, Mika a aussi partagé avec Baalbeck des morceaux plus intimes comme lorsqu’il interprète Over my shoulder, une chanson qu’il a écrite à l’âge de 16 ans et chantée simplement en a capella lors de son concert.
Bien plus qu’un spectacle, c’est dans l’intimité du chanteur que le public a eu le sentiment de pouvoir entrer à Baalbeck, comme lors d’une pièce de théâtre où chacun aurait son rôle à jouer.
Il a véritablement fait entrer Bacchus dans son univers: une bulle composée de musique, de toutes les couleurs et de rêve, beaucoup de rêve».
Echange avec le public
L’échange avec le public est permanent lorsqu’il partage cette bulle. Il demande à la foule s’il doit s’exprimer en français ou en anglais, puis opte pour le mélange des genres à la sauce locale.
Pour l’arabe, ce sera «choye choye» mais peu importe, le public exulte. «Français? anglais? arabe? Peu importe la langue que vous parlez, ce qui compte c’est comment vous chantez», lance Mika à la foule avant d’inviter le public à chanter avec lui.
Un appel à l’unité
Décomplexé, lui-même s’invite même dans les gradins pour danser avec son public. C’est un peu comme si le temps d’une soirée, nous étions chacun invité à faire la fête avec Mika. Attachant, sophistiqué et simple à la fois, c’est aussi un peu comme si nous étions tous l’ami de la pop star à Baalbeck.
C’est sûrement l’une des clés de son succès et aussi ce qui explique le caractère intergénérationnel de son concert. De 7 à 77 ans, chacun était invité à partager la bulle de Mika.
Si l’artiste est rêveur, il a aussi les pieds sur terre. Définitivement humaniste, il a lancé, à Baalbeck, un appel à l’unité et à l’humanité. «Il est impossible de jouer ici sans penser à ce qui se passe de l’autre côté de la frontière», a-t-il exprimé. Alors, aujourd’hui, peu importe où que vous soyez assis dans les gradins, peu importe qui vous êtes: que vous soyez libanais, syrien, francophone, arabophone, je vous invite à danser ensemble, comme une revanche sur les événements. Car, c’est aussi cela le Liban: une formidable terre de résistance et de résilience».
Mika a rappelé qu’il a redécouvert son pays d’origine en décembre dernier, alors qu’il était venu pour un reportage consacré à son identité. «J’ai visité les camps de réfugiés et vu un autre visage du Liban. Ici, j’ai pu ressentir beaucoup d’amour, de joie et de générosité», a-t-il confié au public.
Résolument fier de ses origines libanaises, Mika a terminé son show en dansant avec un traditionnel tarbouche et en arborant une écharpe aux couleurs du drapeau libanais sous les hurlements de joie du public.
«La jeunesse à Baalbeck»
Dans une interview à Magazine, Nayla de Freige, la présidente du Festival de Baalbeck, s’est ravie de la prestation de Mika en particulier, car «il a su faire découvrir Baalbeck à toute une partie de la population qui ne connaissait pas encore ce trésor national que nous avons au Liban. Beaucoup de Libanais n’osaient pas encore visiter Baalbeck par crainte et Mika a fait monter une partie de la jeunesse libanaise, qui découvrait pour la première fois les temples romains de Bacchus, Jupiter et Vénus. C’est le caractère intergénérationnel de ce concert qui l’a rendu si unique», a-t-elle ajouté.