Sans gouvernement, le Liban peut perdre les aides internationales, affirme l’ambassadeur français

L'ambassadeur de France à Beyrouth, Bruno Foucher. Photo Michel Sayegh

Investisseurs et entreprises pourraient se lasser d’attendre et “trouver d’autres opportunités ailleurs”, estime Bruno Foucher

La France a prévenu vendredi le Liban qu’il pourrait perdre le soutien de la communauté internationale et son aide de plusieurs milliards de dollars en cas de retard supplémentaire dans la formation d’un gouvernement.

Paris avait accueilli en avril dernier la conférence CEDRE pour soutenir une économie libanaise largement fragilisée par le conflit qui ravage depuis 2011 la Syrie voisine. La communauté internationale s’était alors engagée à hauteur de 11,5 milliards de dollars en prêts et dons. Or les montants promis sont essentiellement affectés à des projets d’infrastructures qui ne peuvent être mis en oeuvre en l’absence d’un nouveau cabinet. Sa formation traîne depuis près de sept mois en raison de profondes divergences entre les différents partis.

“Nous regrettons beaucoup que nos amis libanais ne soient pas capables (…) de s’entendre sur un gouvernement”, a déploré vendredi l’ambassadeur de France au Liban Bruno Foucher. “Ce serait vraiment dommage que le Liban, qui a su susciter une telle solidarité, perde l’intérêt de cette solidarité, en n’étant pas capable de mettre sur pied un gouvernement”, a-t-il insisté, lors d’une conférence de presse sur une frégate française faisant escale à Beyrouth. “L’absence de gouvernement au Liban, c’est prendre le risque de perdre cette dynamique qui a été engendrée dans la communauté internationale”, a mis en garde M. Foucher. Investisseurs et entreprises pourraient se lasser d’attendre et “trouver d’autres opportunités ailleurs”, a-t-il estimé. “Il y a d’autres pays qui pourraient avoir besoin de moyens internationaux pour reconstruire ou panser les plaies de la guerre”, a-t-il ajouté.

En juillet, la Banque mondiale, qui s’est engagée à hauteur de quatre milliards de dollars dans le cadre de CEDRE, avait émis des inquiétudes similaires.

Vendredi, le Premier ministre désigné Saad Hariri a lui aussi mis en garde contre les conséquences du retard gouvernemental sur la situation économique du pays. “Un gouvernement chargé des affaires courantes n’est (…) pas capable de faire face aux insolubles problèmes économiques, administratifs, et développementaux”, a-t-il indiqué selon un communiqué. M. Hariri a rappelé qu’il avait “réussi à rassembler les amis et les frères pour participer à CEDRE”, et qu’il était le “garant” des résultats de cette conférence. Il avait récemment fait porter la responsabilité du retard dans la formation du gouvernement au puissant mouvement chiite du Hezbollah.