Responsable sioniste: “Le Liban est une plaie profonde dans le coeur d’Israël”

L’ennemi sioniste a voulu instaurer une nouvelle équation de la terreur pour dissuader le Hezbollah, mais le résultat de toutes les confrontations militaires entre eux a produit l’effet inverse.

Le lieutenant Amos Yadline, directeur de l’institut de recherches de la sécurité nationale israélienne, a reconnu ouvertement que le Hezbollah a réussi à imposer une équation de dissuasion qui a menotté l’armée israélienne, et accordé à la résistance libanaise une marge d’action plus importante dans la confrontation.
Ce qui a ouvert la voie à la libération de l’an 2000 et à la décision israélienne de mener la guerre de juillet 2006.

Yadline s’exprimait dans un congrès sur la deuxième guerre de Liban. Il a passé en revue les différentes étapes que le Hezbollah a suivies au long de la période de la confrontation avec Israël, ce qui lui a permis de réaliser ses objectifs de dissuasion dans la zone dite de sécurité.

En contrepartie, Israël a lancé deux offensives d’envergure en 1993 et 1996 contre le Hezbollah qui est apparu comme une guérilla professionnelle et experte. Mais ces deux opérations ont en fin de compte légitimé les attaques du Hezbollah contre les soldats israéliens, et lui ont permis de tirer des roquettes sur la Galilée une fois l’armée israélienne s’attaque à l’assise populaire de la résistance.

C’est ainsi que le Hezbollah a réussi peu à peu à imposer une équation de dissuasion, en opérant dans la zone de sécurité où son action était légitime, estime Yadline.

Opérations sécuritaires à l’étranger

Parallèlement, ce responsable des renseignements militaires israéliens entre 2006 et 2010 a ajouté que le Hezbollah « a renforcé sa force de dissuasion dans les opérations sécuritaires à l’étranger, comme l’attaque contre l’ambassade israélienne à Buenos Aires après l’assassinat de son secrétaire général (Sayed Abbas) Moussaoui, et l’attaque contre le centre juif dans la capitale argentine dans les années 90. »

« C’est ainsi que le Hezbollah a fait comprendre à l’Etat d’Israël qu’il est soumis à de nombreuses restrictions dans la confrontation avec lui », assure Yadline.

Et de poursuivre : « Suite à la libération de l’an 2000, le Hezbollah avait trois « alibis » pour poursuivre sa confrontation avec Israël : les hameaux de Chebaa, les détenus en Israël et le survol des avions israéliens du ciel libanais.

Soutien à l’Intifada

Le Hezbollah a formé une unité spéciale pour soutenir la résistance palestinienne en 2000. L’opération contre la colonie Metsova, dans laquelle six Israéliens ont péri près de la frontière libanaise en mars 2002, était une interprétation de ce soutien, et une certitude chez le Hezbollah qu’Israël est incapable d’ouvrir un nouveau front conjointement avec la confrontation dans l’intérieur palestinien. Ce qui a renforcé la conviction du Hezbollah qu’Israël est bel et bien dissuadé ».

Ce même responsable a rappelé qu’Israël misait sur des changements régionaux et internationaux qui seraient en mesure d’affaiblir le Hezbollah et de le contenir.

A titre d’exemple, Amos Yadline cite les attentats du 11 septembre et l’annonce par Washington de la guerre contre le terrorisme, ou encore la résolution 1559 qui enjoignait au Hezbollah de déposer les armes sous le titre de « dissolution des milices ».

Les armes du Hezbollah seront “rouillées”

Selon lui, « après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005 et le retrait de l’armée syrienne du Liban, le Hezbollah est semblé affaibli face à la montée des forces pro-occidentales. Ceci a donné à Israël l’impression que les choses vont dans la bonne direction et que le Hezbollah sera disloqué automatiquement ».

Sur ce point, il a rappelé les propos de l’ancien chef d’Etat-major Moshé Yaalon (2002-2005) selon lesquels les armes du Hezbollah seront rouillées !

« Mais ce qui a eu lieu en réalité, c’est que les capacités du Hezbollah se sont nettement améliorées sans aucune restriction sur les missiles de longue portée fournies par le président Bachar el-Assad », confie Yadline.

Et de conclure : « Le Liban est une plaie profonde dans le cœur d’Israël, surtout après les dures années de la guerre de guérilla menée par le Hezbollah (lors de l’occupation de la ceinture de sécurité). Le commandement de l’armée connait bien le Hezbollah. Il a compris que l’incursion terrestre au Liban coutera cher sans aucun exploit clair, donc, nul besoin de rentrer dans ce pays ».

Yadline a enfin commenté un constat de dirigeants israéliens qui considéraient que « le facteur de temps joue en notre faveur. Nous possédons une force bien plus importante et une capacité d’endurance plus grande, et nous sommes de loin mieux armés. Un groupuscule comme le Hezbollah sera enfin brisé ».
A ces propos, Yadline a répliqué : « Ce n’était pas du tout le cas »