Liban : Saad Hariri souhaite rester Premier ministre

Le Premier ministre démissionnaire conditionne son sort politique aux discussions en cours sur l’implication du Hezbollah dans des conflits régionaux.
Le feuilleton continue. Saad Hariri a émis le souhait de rester Premier ministre du Liban, insistant sur le fait que la décision dépendrait des discussions en cours sur l’implication du Hezbollah dans des conflits régionaux. « Moi, je voudrais rester » Premier ministre, a souligné l’homme d’État dans une interview accordée à CNews lundi 27 novembre. Ce dernier avait suspendu à son retour dans son pays, le 22 novembre, sa démission-surprise annoncée le 4 novembre depuis Riyad (Arabie saoudite).
« Le Liban a besoin de quelqu’un qui rassemble. Dans cette année où j’ai été Premier ministre, j’ai rassemblé les Libanais. (..) Je suis le symbole peut-être de la stabilité », a-t-il argué. ll a toutefois répété que le Hezbollah pro-iranien, partenaire de son gouvernement, ne devait « plus s’ingérer » dans les affaires d’autres pays arabes de la région. « Je veux la neutralité du Liban vis-à-vis de tous les conflits. (…) Le Hezbollah est en Syrie, en Irak, partout, et c’est à cause de l’Iran », a martelé le Premier ministre en exercice, qui s’exprimait en français.

Si l’Iran et le Hezbollah acceptent le nouvel équilibre qu’il propose, « bien sûr » il restera en fonction, a-t-il assuré. S’ils refusent, « oui », il partira. Le dialogue avec le Hezbollah est « très positif », a-t-il toutefois relevé. Revenant sur sa démission, Saad Hariri a assuré avoir voulu provoquer ainsi un « choc » auprès des Libanais et a répété avoir pris cette décision de son propre chef, et non sous la contrainte de Riyad. « C’était une manière de dire aux gens qu’il y a vraiment un très grand problème, que personne ne voulait » voir, a-t-il dit.
“J’ai un bon service de sécurité, ils font leur travail.”
Sa démission-surprise et surtout son séjour prolongé en Arabie saoudite ont alimenté les spéculations sur une interdiction de voyage imposée par Riyad. « Tout ce qui s’est passé là-bas (…), je le garde pour moi », a-t-il relevé, ajoutant au mystère sur cette séquence politique inédite. Saad Hariri, qui avait déclaré depuis Riyad craindre pour sa vie au Liban, a assuré que la menace était « toujours là ». « J’ai mené une politique extrêmement dure contre les extrémistes, eu une position très dure contre le régime en Syrie. Je ne suis pas très aimé par tous ces gens-là », a-t-il pointé. Mais « j’ai un bon service de sécurité, ils font leur travail », a-t-il ajouté.

Saad Hariri, 47 ans, a accusé le régime syrien du meurtre de son père Rafic Hariri, ex-Premier ministre, en 2005. Cinq membres du Hezbollah ont été mis en cause dans cet assassinat. À plus court terme, il n’a pas exclu un remaniement de son gouvernement – « Le président (Aoun) et moi déciderons dans les jours qui viennent » – et des élections législatives anticipées (« J’aimerais bien, pourquoi pas »). Il a indiqué également que le président français Emmanuel Macron, très impliqué dans une sortie de crise après l’annonce de sa démission, souhaitait se rendre au Liban en mars 2018. « J’espère que ce sera Saad Hariri qui l’accueillera », a-t-il dit en souriant.