L’histoire de la fillette qui s’est fait exploser dans un commissariat de police à Damas

Durant les cinq années d’insurrection, la Syrie en a connu de toutes les couleurs, avec les horreurs perpétrées par les rebelles.

L’une d’entre elles a eu lieu la semaine passée, lorsqu’une petite fille était entrée dans un commissariat de police à Damas, avant de se faire exploser. Déchiquetée par la ceinture d’explosifs qu’elle portait et qui a été activée à distance, elle a été la seule victime de cet attentat.

Mercredi, comme s’il s’agissait du deuxième épisode de cet évènement, trois vidéos diffusées sur la Toile ont fait un buz : elles révèlent les dessous du recrutement de cette fillette.

fillette_attentat_damas1Elle s’appellerait Fatima et serait âgée de 9 ans, selon l’homme barbu qui apparait dans le premier enregistrement, se présentant comme étant son père, en sa compagnie d’une autre petite fille supposée être sa sœur cadet, Islam âgée de 7 ans.

S’identifiant comme étant Abdel Rahmane Chadad, connu sous le sobriquet Abou Nimir, il assure appartenir à la branche d’Al-Qaïda en Syrie, le front al-Nosra, rebaptisé front Fateh al-Sham.

La vidéo semble avoir été enregistrée juste avant l’attentat. On le voit demandant à Fatima ce qu’elle compte faire. Ce à quoi elle répond qu’elle s’apprête à effectuer une opération martyre à Damas.

« A Damas ? Tu es petite et tu n’as que 9 ans. Laisse cette affaire aux hommes », feint-il l’interroger de nouveau. Tout en donnant lui-même la réponse : « les hommes ont pris la fuite, dans les bus verts », en allusion à l’évacuation des miliciens des quartiers est d’Alep.

Cette phrase semble être le message central de cette vidéo.

Et il continue dans ses questions languissantes : « vas-tu te rendre pour que les impies te tuent et te violent ». « Non », a-t-elle eu comme seule réponse, timidement, visiblement sans comprendre ce qu’il insinue. Et lui de répondre une nouvelle fois : « Tu vas les kidnapper. Nous sommes un religion de dignité ».

Sa sœur Islam aura aussi sa part de ses directives : il la somme « d’aller au jihad et de ne pas avoir peur d’aller vers Dieu ».

fillettes_mereUne autre video succède à celle-là, illustrant une femme en nikab, présentée comme étant la mère des deux filles. Elle leur fait ses adieux en leur disant : « Patientez et persévérez ». Et lorsque son époux l’interroge sur les raisons pour lesquelles elle les envoie au jihad, elle réplique : « Les enfants ne sont plus des enfants. Le jihad est un devoir pour tout musulman ».

Et l’enregistrement se termine par les images du père, faisant avancer ses filles, leur demandant de faire part « à la conquête pour Dieu et à tuer les impies qui ne croient pas en Dieu ».

On ne saura pas si la petite Islam a fait part à l’attentat ou à un autre, ou quelle a été son sort.

Les dégats dans le commissariat de police de Damas

Selon une troisième video, Chadad explique comment l’attentat a eu lieu. Il révèle que Fatima n’a pas voulu se faire exploser dès la première fois car il n’y avait pas assez de policiers dans le commissariat. Et lorsqu’elle est envoyée le lendemain, la situation semblait similaire mais elle a refusé de rentrer à la maison, insistant pour perpétrer l’attentat « elle a dit qu’elle voulait rencontrer Dieu », commente-t-il, indiquant que cet acte est « une revanche pour les enfants d’Alep ».

Chadad conclut sa vidéo avec comme toile de fond la voix d’un bébé de quelques mois, assurant qu’il a davantage « de projet d’enfants suicides »