Le célèbre petit Omrane, refait surface, avec un drapeau syrien et la vraie histoire de sa photographie

Omrane Daqnich, petit aleppin de trois ans, qui était destiné à devenir l’icône des campagnes médiatiques hostiles au pouvoir syrien est de nouveau sous le flash des caméras.

Mais cette fois-ci sans la poussière, le sang, ni l’air hagard qu’il avait affiché dans sa célèbre photographie qui a fait le tour du monde, pour atterrir au Conseil de sécurité.


C’était en août 2016, alors que la bataille d’Alep faisait rage, et avec une campagne médiatique battait son plein dans le but de ternir l’image du pouvoir syrien.
Sous un nouveau jour, maintenant qu’Alep est libérée, Omrane parait tout propre, tout radieux et en bonne santé. Arborant le drapeau syrien officiel, non celui de l’insurrection.

La télévision libanaise al-Mayadeen a rencontré son père qui habite toujours à Alep. Sa version des faits diffère de ce qui avait été véhiculé dans les médias occidentaux et arabes.

Le premier élément qu’il affirme est qu’il ne sait qui a bombardé sa maison

« En réalité nous n’avons pas entendu le bruit des avions militaires ni celui des missiles lorsque le bombardement de notre maison a eu lieu. On ne sait pas comment cela s’est passé. J’ai dégagé ma famille parmi les décombres. Omrane était avec moi. Les gens des Casques blancs l‘ont pris pour le photographier. Ma fille aussi a été blessée. Nous avons tous eu des blessures légères, sauf mon fils Ali, sa blessure était grave et il est tombé en martyr après trois jours », a-t-il raconté.
Personne n’a dit que le sang sur le visage de Omrane était celui de son père, ni que sa sœur Arwa avait frappé un journaliste pour l’empêcher de la prendre en photo.

Concernant la séance de photographie, il révèle : « je ne savais pas qu’ils l’avaient photographié lorsque le bâtiment s’est effondré. Tout ce que je sais c’est qu’on m’a proposé d’énormes quantités d’argent, de la part des chefs de milices et d’association et de la part d’un pays important. On m’a proposé d’aller vivre en Turquie, aux Etats-Unis ou en Grande Bretagne pour que je quitte Alep. Mais j’ai refusé. C’est Alep qui est ma ville ».
Le père de Omrane a aussi souligné avoir fait l’objet d’énormes pressions pour accuser le pouvoir d’avoir bombardé sa maison, aussi bien de la part des gens de la Coalition que de la part d’activistes médiatiques proches du front al-Nosra qui lui avaient dit que « 26 millions de musulmans dépendaient de lui et attendaient qu’il déclare que celui qui avait bombardé sa maison était le régime syrien ».
Mais il a refusé dans tous les cas.

L’un des activistes proches du mouvement Noureddine al-Zenki, Mahmoud Arslane l’avait même accusé d’entraver les efforts destinés à documenter les crimes du régime syrien. « Il apparait comme s’il est encore responsable de mon fils alors qu’il se trouve maintenant à Idleb », a-t-il aussi déploré.

« Chaque fois que je vois Omrane dans les medias j’ai vraiment peur de ce qu’ils sont capable de faire », a conclu le père du petit Omrane.

Revenant sur cette journée, il se rappelle pour l’agence Ruptly qu’au lieu de porter secours à sa famille, les miliciens ne faisaient que les filmer: « Je sauvais ma famille, et eux, ils filmaient mes proches cherchant à sortir de la maison ». « Si j’avais su que j’aurais pu m’en sortir, j’aurais pris en photo les personnes de l’organisation que s’adressaient à moi. Je n’ai jamais vu ce genre d’organisation avant»