Du Liban à la Tunisie, derniers adieux aux morts de l’attentat d’Istanbul

Plusieurs pays du Moyen-Orient et d’Afrique du nord ont célébré mardi dans l’émotion les funérailles des victimes de l’attentat d’Istanbul, pour la plupart des jeunes dont la vie a été fauchée tragiquement le soir du Nouvel An.

Les pays arabes et Israël ont payé un lourd tribut puisqu’au moins 20 des 39 personnes tuées dans l’attaque revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en étaient originaires.

Elles étaient venues à Istanbul célébrer le passage à 2017 au Reina, l’une des plus célèbres boîtes de nuit de la ville, lorsqu’elles ont été prises pour cibles par un homme armé d’un fusil d’assaut.

L’émotion était particulièrement vive au Liban, où une heure de deuil national a été observée mardi après la mort de trois jeunes ressortissants.
“Le terrorisme n’a pas de religion, il nous vise tous, il vise les gens qui aiment la vie”, a déclaré lundi le Premier ministre libanais Saad Hariri en accueillant leurs dépouilles à l’aéroport de Beyrouth.

Des hommages appuyés ont été rendus à Rita Chami, étudiante en audiovisuel, et Elias Wardini, entraîneur dans un club de gym, tous deux âgés de 26 ans, ainsi qu’à Haykal Moussallem, un préparateur physique de 36 ans de l’équipe de basket Tadamon.

Mardi matin, une procession funèbre a accompagné le corps d’Elias Wardini à travers Achrafieh, un grand quartier chrétien de la capitale Beyrouth, au son de la derbouka (tambour oriental), comme le veut la tradition transformant les funérailles en “noces” lorsque le défunt est jeune et célibataire.

Dans l’église, le cercueil a été brandi par les amis et les collègues d’Elias qui l’ont fait “danser” sous les applaudissements, au son des trompettes et du clocher, a constaté un photographe de l’AFP.

– “Douce et intelligente” –
En Israël, plusieurs milliers de personnes, certaines en larmes, ont accompagné le cercueil de Lian Nasser, une Arabe israélienne de 18 ans, à Tira (centre), où la plupart des commerces sont restés fermés en signe de deuil.

“Elle était douce, adorable et intelligente”, a témoigné son oncle Rani à l’AFP, rappelant que Lian suivait des études pour devenir dentiste. “C’est si difficile à comprendre. Il y a quelques jours, nous pouvions la serrer dans nos bras et maintenant elle n’est plus là”, a-t-il déploré.

“Rien ne peut justifier un tel acte”, a déclaré à l’AFP Abdul Rahman Kashoa, l’un des imams de la mosquée où ont eu lieu les funérailles en présence de responsables politiques arabes israéliens.

Les pays du Maghreb déplorent eux aussi des ressortissants tués dans l’attentat, à l’image de la Tunisie, où les dépouilles de Mohamed Ali Azzabi et son épouse Senda Nakaa ont été rapatriées lundi.

L’ambassadeur de France, Oliver Poivre d’Arvor, a rendu hommage à Mme Nakaa, une Franco-Tunisienne, qui laisse orpheline sa fillette de cinq mois, Chirine. “La France l’accompagnera en tant que pupille de la Nation”, a-t-il déclaré à l’AFP.
Le royaume ultraconservateur d’Arabie saoudite a confirmé la présence de ressortissants parmi les victimes sans donner de bilan officiel mais, selon plusieurs médias, au moins cinq Saoudiens ont péri dans l’attaque.

Parmi eux figurent deux frères jumeaux de 24 ans, Mohammed et Ahmed Saud Al-Fadl, tout juste diplômés de l’université, qui s’étaient rendus à Istanbul pour les vacances, selon le quotidien The Saudi Gazette.

Deux Jordaniens, dont le beau-frère d’un ministre, deux Marocains, trois Irakiens, un Libyen et un Koweïtien ont également été tués à Istanbul.

La grande ville turque est l’une des destinations favorites des touristes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord qui s’y rendent en masse chaque année, aidés par la proximité géographique et l’absence de visa obligatoire.

Ils représentent un vivier précieux pour l’économie de la métropole, où le tourisme est frappé de plein fouet par une série d’attentats meurtriers ainsi qu’un coup d’Etat manqué en 2016, qui ont fait fuir les visiteurs occidentaux.

03/01/2017 16:01:40 – Beyrouth (AFP) – © 2017 AFP