Deux Héros du Liban

Deux héros du Liban
Ils n’ont jamais abandonné. Jamais vacillé. Jamais perdu espoir. Malgré une opposition acharnée, plusieurs retards et une résistance coriace de la part de l’administration américaine, de certains membres clés du Congrès et de personnalités politiques libanaises éminentes, Gabriel Issa et Tony Haddad n’ont pas renoncé à déployer leurs efforts persistants jusqu’à ce qu’ils eussent réussi à faire adopter la Loi sur la Responsabilité de la Syrie et la Restauration de la Souveraineté du Liban, signée par le président Bush le 13 décembre 2003. Leur implacable volonté de rétablir la souveraineté et la véritable indépendance du Liban n’était pas qu’un simple projet; elle est devenue une mission de vie motivée par leur amour pour leur pays d’origine et imprégnée de leur profonde appréciation pour la justice et la démocratie. Leur périple vers ce but chéri n’a jamais été ni facile ni paisible; leur chemin était jonché de maints reports et impasses imprévus.
La loi sur la Responsabilité de la Syrie et la Restauration de la Souveraineté du Liban peut être résumée dans quelques politiques qu’elle a définies; des politiques qui ont sans aucun doute affecté l’histoire du Liban et la possibilité qu’avait ce dernier d’exercer à nouveau la démocratie: Le fait de reconnaitre que la pleine restauration de la souveraineté du Liban, de son indépendance politique et de son intégrité territoriale du Liban est dans l’intérêt de la sécurité nationale américaine (section 4), le fait que la Syrie est en état de violation de la résolution 520 * du Conseil de Sécurité par son occupation continue du territoire libanais et son ingérence dans son indépendance politique (article 5), et le fait que l’obligation de la Syrie de se retirer du Liban ne dépend pas du progrès du processus de paix israélo-syrien ou israélo-libanais mais découle de l’obligation de la Syrie en vertu de la résolution 520 * du Conseil de Sécurité (section 6).
Gabriel Issa et Tony Haddad commencèrent dès 1990 à faire du lobbying aux États-Unis pour la souveraineté du Liban et le retrait de toutes les forces syriennes du Liban; mais leur premier succès de lobbying eut lieu en 1993 avec l’adoption de la Résolution non Contraignante du Congrès 28** qui, à son tour, servit de précurseur à plusieurs autres résolutions dans les années suivantes, pour venir en soutien à la liberté du Liban. Des tentatives constantes de lobbying pour la souveraineté absolue du Liban se poursuivirent, presque annuellement, pendant les administrations des Présidents Clinton et Bush. Souvent, des avancées sérieuses furent réalisées en vue de l’adoption de la législation précédente, la Loi sur la Libération du Liban (LOLA), mais sans pour autant se matérialiser dans les faits. Comme l’a expliqué Haddad, les sénateurs et les politiciens formulaient souvent des recommandations et adoptaient des résolutions en faveur de la souveraineté libanaise, mais l’administration américaine n’était pas légalement tenue de les appliquer ou de s’y conformer en tant que lois. Issa a élaboré les innombrables tentatives entreprises par Haddad et par lui pour éclaircir la situation complexe de l’occupation syrienne au Liban et les conséquences néfastes qu’elle avait sur la souveraineté et l’indépendance du pays, en s’efforçant d’obtenir le soutien et le parrainage de personnalités politiques clés. Des années durant, des demandes ont été faites auprès des hauts responsables américains afin qu’ils examinent la mainmise syrienne injuste et oppressive sur le Liban et comment cette domination l’a privé du droit d’être politiquement et économiquement autonome, capable d’exercer et d’autoréguler son propre gouvernement. Peu à peu, naquit un besoin de tenir la Syrie responsable de son occupation du Liban; néanmoins, en dépit de la grande sensibilisation fournie à l’administration américaine, ce n’est qu’après le retrait israélien du Liban en 2000 que les efforts commencèrent progressivement à porter leurs fruits. Issa et Haddad se rendirent compte finalement que, pour changer le cours des négociations et réaliser d’importants résultats, le président général Michel Aoun devait aborder personnellement la question et communiquer son propre récit de l’occupation pernicieuse du Liban aux membres du Congrès. En août 2001, une invitation officielle fut envoyée au Président Général Aoun et il était prévu qu’il paraisse devant le Congrès fin septembre afin de présenter son témoignage crucial; cependant, les attaques du 11 septembre à New York firent échouer le plan et une fois de plus, la possibilité de réaliser le but de restaurer l’indépendance du Liban fut perdue. Non seulement l’Amérique plongea dans les pires attentats terroristes qui aient jamais frappé son sol, mais l’administration Bush avait cherché en la Syrie un allié potentiel contre le régime de Saddam en Irak, une répétition de l’accord de 1990 qui avait permis aux forces syriennes d’envahir les dernières zones libres du Liban en échange de leur coopération symbolique avec les États-Unis dans la guerre qu’ils avaient lancée contre l’Irak pour libérer le Koweït. Il était hors de question de compromettre une telle alliance stratégique et le plan visant à amener le président général Aoun au Congrès pour présenter son témoignage dut être reporté. Pourtant, Issa et Haddad n’en furent aucunement dissuadés. Au contraire, avec le soutien et les conseils du Président Général Aoun, ils continuèrent à renforcer et à consolider les communications avec les membres du Congrès dans les deux Chambres, en présentant d’importantes informations sur la présence despotique de la Syrie sur le sol libanais et en réfutant toutes les idées fausses quant au besoin du pouvoir syrien de stabiliser la situation au Liban. Des connaissances, des preuves factuelles et des témoignages clés furent constamment transmis et une nouvelle attitude réceptive américaine commença à se former lentement mais fermement. Par la suite, après que la Loi sur la Libération du Liban (LOLA) eût été bloquée par l’Administration et les principaux membres du Congrès lors du premier mandat du Président Bush et pour gagner davantage de bénéfices et de parrainage auprès d’une base élargie de membres du Congrès, Issa et Haddad négocièrent la fusion de deux législations proposées, distinctes et pourtant reliées : Leur propre Loi sur la Libération du Liban et une autre loi concernant la responsabilité de la Syrie. Fusionnée et unifiée, la Loi sur Responsabilité de la Syrie et la Restauration de la Souveraineté du Liban fut finalement présentée au Congrès sous le parrainage du Représentant Eliot Engel (D), le 12 avril 2003.
Issa expliqua que l’ère post attentats du 11 septembre 2001 était extrêmement favorable aux discussions constructives sur la justice et la souveraineté partout au Moyen-Orient. L’Amérique était finalement prête à écouter la vérité. Il ajouta que le président général Aoun était à l’époque le personnage politique libanais le mieux adapté pour ouvrir la voie vers l’exposition de la vérité sur la Syrie, en se basant sur sa propre expérience de l’occupation syrienne et son impact sur la politique libanaise. Le 17 septembre 2003, le président général Aoun témoigna devant les membres du Congrès, portant la voix du peuple libanais; un peuple aspirant à la liberté et souffrant de l’occupation. Il affirma que la Loi sur la Responsabilité de la Syrie et la Restauration de la Souveraineté Libanaise était une loi potentielle et cruciale, car elle établissait pour la première fois une politique claire des États-Unis concernant l’occupation du Liban par la Syrie. Il expliqua habilement que «le Liban, libre de l’occupation et de la terreur syriennes, émergera de nouveau avec un système politique démocratique, une politique économique véritablement capitaliste et transparente, un pouvoir judiciaire moderne et indépendant qui applique et respecte l’état de droit, et un système éducatif qui nourrit une culture de paix dans une région et un environnement qui ont un besoin urgent de paix véritable».
Entretemps, Issa et Haddad ne perdirent pas de temps. Ils intensifièrent leurs efforts inlassables pour établir des liens avec des sénateurs et des représentants de tous les États, en faisant du lobbying pour la souveraineté du Liban et en demandant leur soutien pour rétablir sa démocratie et son indépendance. Face à l’opposition canalisée des États-Unis et aux tentatives juridiques du Liban de condamner le Président Aoun pour haute trahison – une condamnation qui aurait eu pour conséquence la peine de mort – pour sa position flagrante contre la Syrie, Issa et Haddad redoublèrent de détermination à les neutraliser et obtenir le soutien des politiciens en faveur de la Loi.
Leurs efforts s’avérèrent productifs et le 20 novembre 2003, la Chambre adopta le projet de loi avec un vote de 398 à 4, le Sénat avec un vote de 89 à 4 et le 13 décembre 2003, le président Bush signa à contrecœur le projet de loi à l’abri du véto H.R 1828.
Tony Haddad (à gauche), le président Bush et Gabriel Issa, le jour où la Loi sur la Responsabilité de la Syrie et la Restauration de la Souveraineté du Liban (SALSRA) a été signée, 13/12/2003.
Peu de gens comprennent l’impact que la Loi sur la Responsabilité de la Syrie et la Restauration de la Souveraineté du Liban (SALSRA) a eu (et continue d’avoir) sur la stabilité et la démocratie du Liban. Elle a clairement créé un précédent dans la politique étrangère des États-Unis dans laquelle le Congrès a pu pour la première fois imposer par la législation une politique étrangère au président et à l’administration américains. Le retrait efficace et pacifique de toutes les forces syriennes du Liban, le 26 avril 2005, fut une manifestation concrète de cette loi et une nouvelle opportunité pour l’indépendance du Liban. Parce que l’objectif premier n’était jamais de punir la Syrie, Issa accepta bravement d’agir comme envoyé spécial du président Michel Aoun et se rendit en Syrie en 2005 pour mener les négociations pour un retrait pacifique de toutes les forces syriennes. Personne n’avait cru que cette action se réaliserait un jour et que l’occupation qui avait duré 29 ans prendrait fin, sans guerres ni victimes. Le retrait a libéré le Liban de ce qui était une domination oppressive qui a paralysé presque tous les aspects du pays et de son peuple. Sans les efforts extraordinairement inflexibles de Gabriel Issa et Tony Haddad, le Liban aurait encore été sous l’occupation répressive du régime syrien jusqu’à ce jour. La détermination inlassable dont ils ont fait preuve face à l’opposition puissante et constante de plusieurs partis politiques influents a changé à jamais l’histoire du Liban. Ils ont réalisé un rêve existentiel, s’appuyant sur leur passion pour la démocratie, la croyance en la souveraineté du Liban et le fort soutien d’un leader remarquable. Alors que le Liban célèbre son indépendance chaque année, le peuple libanais dans le monde entier doit reconnaître dans Gabriel Issa et Tony Haddad les héros honorables qu’ils sont vraiment. Sans leurs actions, le Liban serait probablement encore perdu dans les sombres labyrinthes du despotisme.
Nous leur devons vraiment notre chance future pour une démocratie réelle et éternelle au Liban.
Gabriel Issa et Tony Haddad fondèrent le Conseil Libano-Américain en 1990, à Detroit, au Michigan. Ensemble, ils passèrent des années à plaider en faveur du rétablissement de la souveraineté, de l’intégrité et de la démocratie du Liban. En 1996, ils portèrent leur organisation prospère à l’échelle nationale, établirent son bureau central à Washington, DC, et changèrent son nom en la nommant Conseil Libano-Américain pour la Démocratie. En 2003, après de nombreuses années de lobbying sous le Conseil Libano-Américain pour la Démocratie (LACD), Issa et Haddad réussirent à faire passer la Loi sur la Responsabilité de la Syrie et la Restauration de la Souveraineté du Liban.
Aujourd’hui, l’organisation compte des centaines de membres libano-américains dévoués ainsi que des sections actives dans plusieurs grandes villes américaines, et continue de diriger assidument la promotion et le maintien de la démocratie et de la justice au Liban.
Pour plus d’informations sur le Conseil Libano-Américain pour la Démocratie (LACD) et ses activités, visitez www.lacd.us
* RÉSOLUTION 520
Adoptée à l’unanimité le 17 septembre 1982 par le Conseil de Sécurité de l’ONU, cette résolution condamne les violations israéliennes d’un accord de cessez-le-feu. Elle note et condamne l’assassinat, le 14 septembre, de Bachir Gemayel, qui était sur le point de prendre ses fonctions de président. Puis, «Notant la détermination du Liban à assurer le retrait de toutes les forces non libanaises» et réaffirmant plusieurs résolutions récentes portant sur la situation libanaise, elle «Condamne les récentes incursions israéliennes à Beyrouth qui violent les accords de cessez-le-feu et les résolutions du Conseil de Sécurité”, « Exige un retour immédiat aux positions occupées par Israël avant le 15 septembre 1982 … ” et «Appelle de nouveau au strict respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, de l’unité et de l’indépendance politique du Liban sous l’autorité unique et exclusive du Gouvernement libanais par l’intermédiaire de l’armée libanaise dans tout le Liban».
** RÉSOLUTION 28
Elle félicite la Syrie et le Liban pour leur participation au processus de paix au Moyen-Orient et encourage leur coopération continue dans les efforts visant à régler les conflits régionaux en cours.
Elle exprime le soutien du Congrès à la souveraineté, l’indépendance politique et l’intégrité territoriale du Liban.
Elle considère le Gouvernement syrien en violation de l’Accord de Taëf de 1989 (appelant au retrait syrien du Liban).
Elle prie instamment: 1) la Syrie de retirer ses forces armées jusqu’aux portes de la plaine de la Bekaa; 2) la Syrie et le Liban de convenir d’un calendrier fixe pour le retrait complet des forces syriennes; 3) le Président d’envisager de ne pas accorder l’aide des États-Unis à la Syrie et le Secrétaire au Trésor d’envisager de demander aux directeurs exécutifs américains de toutes les institutions financières internationales de voter contre l’octroi de prêts ou d’aide à la Syrie jusqu’à ce que ce retrait se produise; 4) le Gouvernement syrien d’intensifier sa coopération avec le Gouvernement libanais dans le cadre des efforts déployés pour désarmer les groupes armés non gouvernementaux et les milices au Liban; et (5) le Président d’envisager des méthodes de revitalisation de l’Accord de Taëf et d’encourager la négociation d’un calendrier fixe pour le retrait complet des forces syriennes du Liban.