Aoun : La dernière réunion avec Hariri était la plus proche d’un accord

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Le chef du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme et candidat à la présidentielle, le général Michel Aoun, a affirmé hier soir, lors d’une interview télévisée, qu’il pourrait y avoir un accord entre lui et le leader du courant du Futur, Saad Hariri, concernant la présidentielle. Il a par ailleurs refusé que la présidentielle soit soumise à des conditions établies au préalable, tel que stipulé dans le package deal proposé par le président de la Chambre, Nabih Berry.

« Tout le monde peut appliquer le protocole du palais (présidentiel), mais ce n’est pas tout le monde qui peut gouverner, a affirmé M. Aoun au début de l’émission. L’important, c’est d’être efficace et de pouvoir résoudre les crises. »

Interrogé par le journaliste d’OTV au sujet de ses rapports avec Saad Hariri, M. Aoun a rappelé qu’il s’est déjà entretenu à plusieurs reprises par le passé avec ce dernier. Faisant référence à sa dernière rencontre avec le chef du courant du Futur au début de cette semaine, il a souligné que « la discussion était positive en ce qui concerne la présidentielle ». « Il y a eu plusieurs tentatives par le passé pour aboutir à une entente avec M. Hariri et cette dernière tentative est la plus proche d’un accord », a-t-il poursuivi.
Depuis son retour samedi dernier au Liban, Saad Hariri s’est entretenu avec les principaux dirigeants libanais au sujet de la présidentielle, dans une dynamique qui a ravivé le dossier de la présidentielle, au point mort depuis plusieurs mois. Il s’agit de savoir si M. Hariri est désormais prêt à soutenir M. Aoun à la présidentielle, la magistrature suprême étant vacante depuis le 25 mai 2014.
Interrogé sur l’opinion que lui et M. Hariri ont sur l’accord de Taëf, M. Aoun a répondu : « Nous sommes tous d’accord au sujet de l’accord de Taëf et nous sommes tous d’accord pour dire qu’il est mal appliqué. Je veux que Taëf soit appliqué entièrement. » En ce qui concerne le pacte national, il a affirmé qu’il n’y avait pas de « divergences d’opinion » et expliqué que le pacte « est la volonté exprimée par les différentes communautés de vivre ensemble avec les mêmes droits et devoirs ».

« Nous avions commencé dès 2006 à partager nos idées avec le courant du Futur pour aboutir à une entente et nous faisions de même avec le Hezbollah, a encore dit Michel Aoun. Nous avons abouti à une entente avec le Hezbollah et certains ont considéré que cette entente était contre les sunnites, or c’est le contraire. »

« Nous avons toujours été en contact avec M. Hariri, notre relation ne s’est pas interrompue un seul jour, a assuré le leader maronite. Saad Hariri représente la majorité des sunnites et personne ne peut imaginer le Liban sans les sunnites. » Il a ainsi indiqué qu’il serait naturel que le leader du courant du Futur brigue le poste de Premier ministre.

Interrogé sur la position saoudienne en ce qui concerne sa candidature, M. Aoun s’est contenté de dire qu’il est aujourd’hui « certain que l’Arabie laisse le choix aux Libanais et leur donne la responsabilité de décider par eux-mêmes ». Il a même été jusqu’à laisser entendre que la séance parlementaire pour l’élection présidentielle, prévue le 31 octobre, pourrait avoir lieu avant si un accord est trouvé.

Pas de désaccord avec Berry

Dans la deuxième partie de l’émission, Michel Aoun a été interrogé sur sa relation avec le président de la Chambre, Nabih Berry. « En principe, elle est bonne, mais en pratique, nous lisons beaucoup de choses dans les journaux », a-t-il dit, avant d’ajouter : « Nous ne sommes pas en désaccord politique avec M. Berry. »

Interrogé sur le package deal proposé par le chef du législatif, M. Aoun a affirmé qu’il doit « toujours y avoir des accords car cela fait partie de la politique, or ces accords doivent respecter la Constitution et les lois ». « Il ne faut pas qu’il y ait de conditions préalables à l’élection présidentielle (…). Les sujets abordés dans le package deal ne sont pas liés à la présidentielle. Si nous essayons de régler ces sujets-là avant d’élire un président, il se peut que l’on se heurte à des obstacles et que l’élection n’ait pas lieu », a-t-il poursuivi. Le président de la Chambre avait lancé il y a plusieurs semaines une initiative en vue d’un accord entre l’ensemble des parties politiques sur la présidentielle, la présidence du gouvernement et l’adoption d’une nouvelle loi électorale.

En ce qui concerne les réticences que Nabih Berry pourrait avoir sur sa candidature à la présidentielle, Michel Aoun a affirmé avoir « entendu beaucoup de choses ». « Mais tant que je n’ai rien entendu de la bouche de M. Berry, je ne prendrai pas ces dires en considération », a-t-il ajouté.

Le journaliste a ensuite demandé à Michel Aoun s’il répondrait présent à l’invitation de Nabih Berry dans le cas où ce dernier convoquait une séance de dialogue. Le leader maronite a estimé que « la priorité est à la présidentielle et la loi électorale ». « En pratique, tout Parlement non élu n’est pas légal, mais nous n’arrêterons pas le travail du Parlement et nous continuerons à en faire partie, a-t-il assuré. L’entente sur une loi électorale doit aboutir après un consensus entre toutes les parties et il n’y a pas de désaccord sur ce point avec M. Berry. »

Questionné sur le soutien du Hezbollah et l’appui du leader des Forces libanaises, Samir Geagea, à sa candidature, M. Aoun s’est montré confiant. « Le Hezbollah a répété à plusieurs reprises son soutien à ma candidature et j’ai confiance en sa position », a-t-il affirmé. Le fondateur du CPL a aussi rejeté toute possibilité que le soutien de M. Geagea soit une tromperie. « Évidemment que j’ai confiance (en M. Geagea), a-t-il affirmé. Il n’y a pas de tromperie, le jeu de tromperie peut détruire une nation. »

En ce qui concerne l’éventualité que le patriarche maronite Béchara Raï ait proposé d’autres noms de candidat pour la présidentielle, M. Aoun a affirmé que « c’est son droit d’avoir plusieurs candidats ». « Il n’est pas obligé de me soutenir », a-t-il ajouté